La pénurie d'œufs aux Etats-Unis ne doit pas justifier les achats panique en France

"Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier" : une expression qui prend tout son sens face à la pénurie d'œufs aux États-Unis. La crise de la grippe aviaire empêche l’approvisionnement des magasins américains. Les rayons se vident et les prix s'envolent. En France, déjà plusieurs supermarchés sont impactés.

L’Amérique subit une épidémie de grippe aviaire sans précédent : depuis 2022, 148 millions d’oiseaux ont été abattus ou sont morts à cause du virus. Dans les supermarchés, les rayonnages sont vides exceptés des écriteaux annonçant : “pénurie d’oeufs. En raison de la pénurie nationale d'œufs causée par la grippe aviaire, nous connaissons actuellement une disponibilité limitée”. Les prix ont explosé, atteignant jusqu’à 12 dollars la boîte de 12. Face à cette situation , certains Etats ont limité le nombre de boîtes par client. 

Les Etats-Unis dans la panade 

La catastrophe ne se résume pas à une baisse de la production : le virus s’est également transmis à l’homme avec 67 cas recensés à ce jour. Malgré cela, les Américains hésitent toujours à vacciner leurs volailles par crainte de perdre leurs marchés d’exportations. Des poules vaccinées ne seraient plus exportables. Les poules de chair représentent en effet des milliards d’exportations. Le journaliste Jim Martin émet l’hypothèse dans le journal, The Denver Post, que “c’est bien le commerce mondial et non la santé publique ou celle des agriculteurs qui est à l’origine de l’abattage quotidien de volailles et, par conséquent, du prix de nos oeufs”. La situation est d’autant plus critique que les tensions sur l’approvisionnement continuent de s’aggraver. 

Un climat anxiogène, une ruée vers les œufs français 

Pour l’instant, les Etats-Unis n’ont pas sollicité d'importations en provenance de la France, qui figure parmi les premiers producteurs d'œufs européens. Si cela venait à se produire, le prix des œufs pourrait grimper significativement dans l’Hexagone. Cependant, les nouvelles alarmantes des Etats-Unis, ont déjà poussé les consommateurs français à se ruer sur les œufs par crainte d’une pénurie. Une situation rappelant les émeutes pour se fournir en farine lors du premier confinement.. Pourtant, les professionnels l’assurent : il n’y a pas de risque de pénurie en France. 

Le marché français est tout de même en tension, la consommation en hausse  

Pourtant, nos rayons sont dans certaines régions clairsemés. La France est également touchée par des tensions sur les approvisionnements avec environ 12 % de ruptures dans les commerces. Un phénomène partiellement justifié par le contexte économique difficile où les Français surveillent leurs dépenses. L'œuf reste un produit anti-crise par excellence et constitue la protéine animale la moins chère du marché. La consommation est en hausse : sur la période de janvier-février 2025, les ventes ont progressé de 5 % par rapport à l’année précédente. 

Cependant, cette demande accrue exerce une pression sur les prix. L'œuf a déjà franchi la barre des 29 centimes pièce. Pour l’instant, les consommateurs sont protégés grâce aux contrats annuels entre fournisseurs et éleveurs. Mais l’industrie alimentaire, soumise à la volatilité des cours,  les tarifs ont doublé entre janvier et mars 2025. Attendez-vous à une augmentation sur la carte des restaurants. 

Une production sous pression : 

La production peine à suivre cette demande croissante. D’ici 2030, 300 nouveaux bâtiments pour poules pondeuses devraient voir le jour sur le territoire national. Mais ces projets sont trop souvent contestés localement. Le Snipo (Syndicat national des industriels et producteurs d'œufs milite pour augmenter la production sans pour autant passer à l’élevage en cage. 

En attendant,, les professionnels du secteur appellent à ne pas faire de provisions inutiles afin d’éviter une pénurie artificielle due aux achats paniques. Ces tensions devraient durer quelques mois, mais la France reste épargnée par la grippe et bénéficie d’une production stable.