La production française d’abricot attendue en baisse de 29%

[medFEL 2024] La récolte s’annonce faible en vallée du Rhône pour cause d’alternance et de coulure, que ne compenseront pas les autres bassins, dont le semi-désertique Roussillon, suspendu à la pluviométrie de ces prochaines semaines. Comparativement à la moyenne 2018-2022, la baisse de production atteindrait -13%.

« La production d’abricots devrait baisser de 30 à 40% mais je pense que l’on pourra servir les distributeurs avec de l’abricot français ». C’est ce qu’a déclaré Bruno Darnaud, président de l’AOPn Pêches et abricots de France, à l’occasion de la présentation des prévisions de la récolte européenne d’abricots, le jour d’ouverture du medFEl à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il faut dire que la production 2023 avait été très généreuse (123.333t), en hausse de plus de 20% par rapport à la moyenne quinquennale 2018-2022.

L’annonce des prévisions de la récolte européenne d’abricots a eu pour cadre le medFEL à Perpignan (Pyrénées-Orientales)
L’annonce des prévisions de la récolte européenne d’abricots a eu pour cadre le medFEL à Perpignan (Pyrénées-Orientales)

Vallée du Rhône, Gard et Crau à la peine

Les bassins de la Vallée du Rhône, du Gard et de la Crau (Bouches-du-Rhône) sont les plus impactés par la baisse de production, affectant notamment lea variété Bergeron. « L’explication réside dans une complexité de facteurs, à commencer par l’alternance, déclare Eric Hostalnou, chef du service fruits et les légumes à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Les pluies importantes enregistrées lors de la floraison ont sans doute pesé sur la charge ». Bruno Darnaud évoque des chutes d’eau de « plus de 200mm ».

Le Roussillon attend la pluie

Paradoxalement, à ce stade de la production, le Roussillon, qui désespère la pluie depuis deux ans, pourrait sauver la mise, avec une charge correcte, et des arboriculteurs affairés à l’éclaircissage, pour adapter la production au potentiel hydrique. « S’il ne pleut pas dans les semaines qui viennent, je ne sais pas si on va aller jusqu’au bout, tempère Jean Pratx, du Verger bio de Véronique à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Dans la vallée de l’Agly, de nombreux forages sont à sec. Depuis deux ans, les arbres sont sous perfusion avec le goutte-à-goutte mais celui-ci n’est pas suffisant pour nourrir les arbres. Il nous faut de grosses pluies pour mener la production jusqu’à la récolte ».

De l’abricot français sur les étals

Le Verger bio de Véronique devrait récolter ses premiers abricots à la fin du mois d’avril avec une entrée en production significative autour de la mi-mai. Selon l’AOPn Pêches et abricots de France, le marché devrait être approvisionné correctement en début et en fin de saison mais s’avérer plus « chaotique » en juillet, quand se feront sentir les manques de production de la Vallée du Rhône et de la Crau.

En ce qui concerne les prix, les producteurs espèrent vivre une saison différente de l’an passé, où la météo mitigée de juin et juillet avait été propice à la production mais beaucoup moins à la consommation. En juillet 2023, le déséquilibre entre l’offre et la demande avait entrainé un repli important des cours, de -19 % sur un an et de -15 % comparé à la moyenne quinquennale 2018-2022. Au niveau européen, la production est estimée à 524.000t, équivalente à 2023,