En fruits et légumes, une souveraineté à rude épreuve du climat, des phytos et de la compétitivité

[medFEL 2024] Le ministère de l’Agriculture a ouvert plusieurs fronts destinés à contrarier l’érosion de la production et tarir notre dépendance aux importations, alors que le changement climatique exacerbe la pression parasitaire et confine au défi des défis, notamment sur le pourtour méditerranéen.

Le 28 mars dernier, l’Anses publiait une expertise sur la probabilité d’introduction de la très polyphage mouche orientale des fruits (pêches, abricots, agrumes tomates, poivrons, melon) en France métropolitaine et de son établissement sur le pourtour méditerranéen de basse altitude, Corse comprise, une zone où la mouche serait susceptible des trouver à la fois un climat propice et des plantes hôtes toute l’année, y compris en hiver avec les agrumes. C’est la dernière menace en date pour la filière fruits et légumes, non sans lien avec le changement climatique.

C’est peu dire que le département des Pyrénées-Orientales, où s’ouvre la 15ème édition du medFEL, le rendez-vous annuel de la filière fruits et légumes, n’avait pas besoin de cette épreuve supplémentaire, au risque qualifié de « non négligeable » par l’agence sanitaire.

En France métropolitaine, les Pyrénées-Orientales (PO) sont un poste avancé du changement climatique. Depuis maintenant deux ans, la quasi-totalité du territoire est maintenu en alerte sécheresse, sous l’effet d’une pluviométrie divisée par deux par rapport aux normales et en l’état actuel, au niveau de celle de Marrakech (Maroc). Dans les PO, le climat confine à la semi-aridité, avec des répercussions pour tous les usagers, dont les agriculteurs.

Sur le front des phytos comme de l’eau, et dans la filière fruits et légumes en particulier, le ministère de l’Agriculture a ouvert plusieurs fronts, avec un objectif : regagner globalement 5 points d’auto-approvisionnement d’ici à 2030 et enclencher une hausse tendancielle de 10 points d’ici à 2035. C’est l’objet du Plan de souveraineté ciblant la filière fruits et légumes. L’an passé, le ministère a engagé 100 millions d’euros ciblant la recherche et le déploiement d’alternatives à certains produits phytosanitaires à l’origine d’impasses, sous l’effet de retraits effectifs ou à craindre sous l’effet du réexamen périodique des substances actives. Toujours dans ce registre, le ministère mène un chantier visant à réduire les surtranspositions et sans aller jusqu’à remettre en cause les interdictions inscrites dans la loi, telles que celle visant les néonicotinoïdes, en dépit de la demande des producteurs de fraise notamment. Pour respecter le postulat « pas d’interdiction sans solution », le ministère mise sur le Parsada, le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait de substances actives au niveau européen et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures.

Deux leviers pour réduire la tension et le coût de la main d’œuvre

Dans le secteur des fruits et légumes, la problématique de la main d’œuvre se surajoute aux tensions sur les facteurs de production. Là, le gouvernement a réagi en quatre familles professionnelles agricoles dans le champ des métiers dits en tension, facilitant l’emploi de salariés non issus de l’UE. Le 1er mai prochain, le plafond de l’exonération totale des cotisations patronales prévu dans le cadre du dispositif TO-DE sera porté à 1,25 SMIC contre 1,20 actuellement, applicable sur les contrats de travail déjà en cours.

[medFEL 2024] Les grand témoin, conférences et tables rondes du 24 avril

- grand témoin : Isabelle Autissier, ingénieure agronome, navigatrice, présidente du WWF France

- 10h-11h : le report modal, levier incontournable pour des transports plus écologiques

- 10h30 : prévisions européennes de récoltes des abricots 

- 13h-14h : avantages de l’avocat clonal

- 14h : la végétalisation des repas en restauration collective bénéficie-t-elle aux fruits et légumes ? 

- 14h-15h : services et solutions intermodales

- 15h30 : comment tenir la barre dans un monde en crise ? 

- 15h-16h : gestion des pourritures sur fruits à noyau durant la conservation

- 16h45 : la bio : comment se réinventer ? Conquérir sans se pervertir

[medFEL 2024] Les grand témoin, conférences et tables rondes du 25 avril

- grand témoin : Tomás García Azcárate, Docteur Ingénieur agronome et économiste agricole, ancien responsable du bureau fruits et légumes à la Direction générale agricole de la Commission européenne

- 10h : l’intelligence artificielle peut-elle révolutionner notre filière ?

- 10h-11h : recruter différemment : Recruter différemment pour attirer de nouveaux talents

- 11h00 : anticipations de plantations de melons 

- 11h15-12h15 : fidéliser ses collaborateurs : l’accompagnement des salariés par l’entreprise doit se concevoir différemment

- 14h30 : quelle politique agricole européenne pour les fruits et légumes frais ?

- 14h-15h : la culture du pistachier en France

- 16h : face au changement climatique, quelles diversifications possibles ?