La Safer, un outil au service du monde rural

Depuis 2019, la Safer Nouvelle-Aquitaine fait le tour des départements afin d’y faire le point sur ses actions. Le 22 octobre dernier, elle a fait étape à Guéret pour une conférence intitulée « La terre pour quoi ? ».
La première partie s’est concentrée sur le bilan des transactions effectuées en Creuse en 2020. Le volume de transactions est en légère hausse avec 1 % d’augmentation en nombre et +7 % en surface. En revanche, la valeur de ces transactions augmente de 32 %, montrant la part importante du marché non agricole (loisirs, urbanisation…). Revenant sur un point fréquemment abordé lorsque l’on parle de la Safer, le directeur de la Safer de la Creuse Vincent Eclache a mis en avant le faible taux de préemption (3 préemptions contre 80 transactions amiables) : celle-ci ne concerne généralement que des petites surfaces et n’intervient qu’en dernier recours si la conciliation n’a pu aboutir.
Concernant le prix des terres, il varie de 1 610 € sur le plateau de Millevaches à 3 020 € en Bas-Berry, pour une moyenne creusoise à 2 660 €.

Un dossier représentatif
Afin d’illustrer les différents rôles de la Safer, la conférence a fait la part belle à un dossier dans lequel plusieurs cas de figures se sont présentés. Il y avait sur la commune de Flayat une exploitation agricole de 24 hectares morcelés, en vente mais à l’abandon depuis plus de 20 ans. La commune et la Safer ont donc mis autour de la table le vendeur et les différentes personnes intéressées afin de parvenir à un accord. Au sortir des discussions, 5 candidats se sont partagés les terrains. Parmi eux, Quentin Fourré. Ce webdesigner grenoblois souhaitait une vie plus rurale pour sa famille, et la commune a vu d’un bon œil l’arrivée de nouveaux habitants sur son territoire. Il était la seule personne intéressée par la maison, élément bloquant dans la vente de l’ensemble. M. Fourré ne souhaite pas seulement habiter là mais étudie également les possibilités d’une installation agricole sur les 11 ha qui lui ont été attribués.
Une autre partie des terres a pu être distribuée entre des agriculteurs et riverains locaux, comme Sébastien Laroche, qui avait besoin de se faciliter l’accès à ses terrains ainsi que de prés de fauche. Il s’agit là du travail le plus connu de la Safer.
Enfin, le dernier acquéreur est le Conservatoire d’Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine. Celui-ci a obtenu 8,92 ha de zones humides et de bosquets à des fins de préservation de la biodiversité. Cette acquisition n’est cependant pas une mise sous cloche : une partie de cet espace sera louée à l’agriculteur Sébatien Laroche dans le cadre d’un bail à clause environnementale. La fauche qu’il y fera lui permettra d’avoir plus d’autonomie sur son exploitation tout en entretenant un espace naturel. Sophie Catoir, chargée de mission du CEN en charge de ce dossier a éclairci son rôle : « remettre en usage des terrains qui méritent de l’être ». Pour elle, la déprise agricole est un risque, et les partenariats avec des agriculteurs comme cela est le cas à Flayat est gagnant-gagnant.
En conclusion, Patrice Coutin, président de la Safer Nouvelle-Aquitaine, a rappelé que les choix d’attribution de foncier de la Safer sont systématiquement motivés, et que « sur un dossier où l’on a plusieurs candidats, il y aura forcément des déçus ». Il a également remis en avant les différents rôles de la Safer : Maintenir et développer une agriculture dynamique et diversifié, participer au développement local et préserver les paysages, l’environnement, favoriser l’entretien de la forêt. Il a rappelé que la Safer est là pour faciliter les transactions, que ses services sont toujours disponibles et qu’il ne faut pas hésiter à y faire appel, avant de conclure « La Safer, ça sert ! ».