Lactalis : à deux écueils près, l’Unell trouve au moins une laiterie pour chacune des 272 ruptures de contrats

Si elle qualifie de « réussite » le plan d’action mis sur pied après le « cataclysme » déclenché par Lactalis, l’AOP juge encore fragile la situation des exploitations n’ayant à disposition qu’une seule solution et déplore que Lactalis refuse le principe d’une discussion collective s’agissant des indemnités liées au préjudice moral et financier subi.

« Certains producteurs ont la chance de se voir proposer plusieurs solutions mais d’autres n’en n’ont qu’un seule identifiée aujourd’hui, ce qui nous paraît encore très très fragile en cas de problème d’adaptation à des cahiers des charges spécifiques ou d’accessibilité à l’exploitation » : tel le bilan en demi-teinte dressé par Yohann Serreau, président de l’Unell, quatre mois après l’annonce du groupe Lactalis de réduire sa collecte de 8,8% d’ici à 2030 en France, une décision qualifiée de « cataclysme » par l’AOP, quatre mois plus tard

Sitôt l’annonce, motivée par la nécessité de réduire la collecte de lait destinée à l’export, pour se recentrer sur les produits de grande consommation français, « mieux valorisés car moins sujets aux aléas des marchés mondiaux », l’Unel et ses 11 OP avaient mis sur pied un plan d’action destiné à trouver une solution aux élevages concernés par les premières résiliations de contrats, soit 272 exploitations localisées dans le Grand Est et dans le sud des Pays de la Loire.

De son côté, Lactalis a fait un geste en décalant de la mi-octobre 2024 à fin janvier 2025 l’envoi des courriers de résiliation, puis en portant de 12 mois à 18 mois la durée du préavis, ce qui a permis à l’Unell et aux OP de « donner des perspectives aux producteurs et une vision de l’avenir potentiel pour leur exploitation » et de limiter le « choc » de l’annonce. « Les courriers sont arrivés ces derniers jours, après la remise des propositions de solutions par l’Unell et les OP », s’est félicité » Yohann Serreau lors d’une conférence de presse le 4 février, remerciant au passage « l’ensemble des producteurs et des laiteries qui ont joué le jeu du collectif ainsi que les administrateurs d’OP et les collaboratrices qui se sont beaucoup investis sur le dossier ».

Bras de fer sur les indemnités

Reste à concrétiser les solutions sinon à explorer d’autres solutions alternatives pour les exploitations qui ne se satisferaient de la solution proposée, les semaines en cours étant mises à profit pour assurer la mise en relation entre les producteurs et les laiteries via les OP, l’Unell se faisant « facilitateur pour aboutir à une solution pour tous les producteurs concernés », si possible avant l’été.

L’AOP a un autre fer au chaud, consistant à négocier « collectivement » les indemnités compensant le préjudice moral et financier induit par la résiliation des contrats, l’Unell évoquant notamment, sur la base des remontées des éleveurs, les investissements dans la gestion du froid, dans le capital social de coopératives ou encore dans des adaptations aux cahiers des charges. « Chaque éleveur va devoir faire évoluer son exploitation,  investir sur des éléments qui n’étaient pas prévus, donc il y a un vrai préjudice pour ces exploitations », explique Yohann Serreau. A « l’écoute de ses adhérents », l’Unell a rencontré le groupe Lactalis pour lui soumettre une demande de négociation à l’amiable et déterminer une indemnisation collective des producteurs. Mais selon l’Unell, Lactalis, considérant que « les éleveurs qui auront trouvé une solution ne vont pas subir de préjudice », a refusé d’ouvrir la discussion. A suivre.