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"Lactalis ne respecte pas la loi !" Un manquement à la loi EGALIM
L’année qui s’achève a été compliquée pour les producteurs de lait livrant à Lactalis. Leur OP, l’UNELL ne réussit pas à trouver un accord avec le premier groupe laitier mondial sur l’évolution du prix de revient. Pire Lactalis décrète même le coût de production des éleveurs. Un manquement à la loi EGALIM que la FDSEA et JA Aveyron ont dénoncé lors d’une action vendredi 22 décembre devant l’entreprise à Rodez.
Monter sur le pont bascule en même temps qu’un camion de collecte livrant le lait à l’usine Lactalis de Rodez pour rattraper le décalage du prix imposé par l’entreprise à ses producteurs.
Une cinquantaine d’éleveurs ont répondu à l’appel de la FDSEA et de JA, vendredi 22 décembre, pour dénoncer l’attitude du géant laitier. En tête de file, Claude Falip, président de la section bovins lait FDSEA, Clément Chayriguès, membre de la section et Marie-Amélie Viargues, secrétaire générale de la FDSEA ont expliqué les raisons de leur colère : «Avant chaque négociation commerciale, Lactalis et l’UNELL, union nationale des éleveurs laitiers livrant à Lactalis, doivent définir conjointement le niveau de prix de revient en élevage en tenant compte des remontées de terrain des producteurs, comme l’oblige la loi EGALIM. Un prix de revient inscrit dans les conditions générales de vente du groupe Lactalis auprès de la distribution et qui compte aussi dans la formule de fixation de notre prix du lait. Mais aucun accord n’a été trouvé sur le niveau de ce prix de revient. Pire encore, Lactalis a même décrété notre prix de revient, de son propre chef !», s’insurgent les responsables syndicaux. Quand l’UNELL défend 5% d’augmentation face aux diverses charges toujours élevées dans les fermes, Lactalis rétorque 1% de hausse ! «Notre matière première agricole est non négociable ! Lactalis essaie de passer en force et ce n’est pas normal», continuent-ils de dénoncer.
2,4 milliards de litres de lait
Et d’argumenter la position des producteurs : «Lactalis se rend-elle vraiment compte du contexte dans lequel évolue notre filière ? La collecte continue de dévisser, les charges de production sont toujours en hausse... Comment assurerons-nous le renouvellement des générations dans ce contexte ? Jamais on ne fera de fromage sans lait !», ont-ils rappelé. Et de déclamer une fable de Jean de La Fontaine, «Le corbeau et le renard», qu’ils ont revisitée. «Les éleveurs ont besoin de prix, de transparence et de respect !» et de réclamer eux aussi «leur part du fromage». A l’arrivée d’un camion de collecte de lait, les producteurs de lait présents sont montés sur le pont bascule pour ajouter les 4% du volume total du lait collecte, ce qui représente la part du prix de revient que Lactalis ne reconnaît pas aux producteurs laitiers... Sous les yeux des dirigeants de l’entreprise ruthénoise qui ne sont pas sortis à la rencontre des producteurs.
Dons des producteurs
«Ensemble nous avons voulu symboliser le manque de prix et faire comprendre que les producteurs ne veulent plus être la variable d’ajustement», avancent les responsables FDSEA et JA qui rappellent le poids des producteurs dans la filière : 5 200 producteurs en France, dont 320 en Aveyron, livrent leur lait à Lactalis qui représente 60% de la collecte nationale, soit 2,4 milliards de litres de lait !
Chaque année, Lactalis offre à ses producteurs, un coffret de fromages en cadeau : «Le seul cadeau que nous voulons, c’est un prix juste !», a martelé Claude Falip. Les agriculteurs ont donc décidé de remettre leur coffret, soit au total 50 kg de fromages, à SOLAAL (Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires). Cette association, créée par Jean-Michel Lemétayer, ancien président de la FNPL et de la FNSEA, organise les dons des filière agricole et alimentaire vers les associations d’aide alimentaire. René Debons, responsable de SOLAAL au niveau Occitanie et Aveyron, s’est fait le relais de cette opération solidaire.
Cette action, relayée également dans d’autres départements, en Bretagne, dans le Maine et Loire, entend faire pression sur les prochaines rencontres de l’UNELL avec Lactalis. Si pour l’heure, aucune solution n’a été trouvée, une nouvelle rencontre est programmée le 3 janvier entre l’entreprise et l’OP. Sinon les producteurs n’hésiteront pas à mettre Lactalis «sous le fumier», comme ils ont menacé dans leur fable revisitée.