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Le casse-tête du chèque alimentaire
Reporté à la saint-glinglin, le chèque alimentaire ? L’idée, qui circule depuis maintenant deux ans sans jamais avoir été mise en œuvre, a du plomb dans l’aile. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, âprement défendue par l’ancien ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, soutenue par une large partie du monde agricole, la mise en place du chèque alimentaire se révèle un véritable casse-tête pour le gouvernement.
[Edito] La proposition, issue de la Convention citoyenne sur le climat, vise à permettre aux ménages les plus précaires d’accéder à une alimentation locale et de qualité, bénéficiant ainsi à l’agriculture française.
Oui mais voilà : flécher un chèque vers des produits de qualité ou d’origine particulière, « je ne sais pas faire », a admis le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. « Je suis prêt à regarder toutes les propositions mais il faut tout simplement qu'elles tiennent la route, c'est-à-dire qu'elles puissent être utilisées immédiatement par les Françaises et les Français », a lancé le ministre de l'Economie le 8 juin sur BFMTV. « Je ne vais pas dire : "On a trouvé un super dispositif, vous allez pouvoir aller dans votre magasin prendre des produits bios ou sourcés français qui vont bénéficier strictement aux producteurs français". Non je ne sais pas faire, j'ai l'honnêteté de le reconnaître, personne ne nous a proposé un dispositif qui soit immédiatement opérationnel maintenant face à un pic inflationniste qui est maintenant », a confessé le ministre, qui dit « attendre les propositions ».
Face à l’inflation galopante et à la hausse des produits alimentaires (+ 4,8% depuis un an), le chèque alimentaire n’est « plus l’urgence du moment ». C’est donc un chèque, tout court, que le gouvernement va verser aux plus modestes à la rentrée, avant d’entamer, dans un second temps, « une réflexion », sur « un dispositif ciblé pour permettre à tous les Français d'accéder à des produits de qualité, des produits bios », a fait savoir la Première ministre Élisabeth Borne. Combien de temps durera la réflexion, nul ne le sait.
Mais la FNSEA et la Coopération agricole entendent bien voir ce projet naître un jour. Dans le cadre d’un collectif créé le 7 juin, les deux organisations appellent à la création d’un chèque alimentaire « pérenne », « simple », « accessible », qui concerne « tous les produits alimentaires, bruts ou transformés, d’origine animale ou végétale » et qui incite à « consommer local avec des garanties sur l’origine ».
Au-delà du seul chèque alimentaire, c’est une politique d’aide alimentaire ambitieuse qui doit être réellement engagée. Une politique permettant aux plus démunis de se nourrir correctement, mais aussi aux agriculteurs de vivre dignement de leur métier. Un chantier d’ampleur pour le ministre Marc Fesneau, à la tête du nouveau ministère judicieusement nommé « Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire ». Garantir aux peuples une alimentation saine et de qualité, et aux agriculteurs, une juste rémunération de leur travail : n’est-ce pas justement l’enjeu de la souveraineté alimentaire ?