Le groupe Avril va céder Matines et se recentrer sur le végétal

Petite révolution dans la coquille : le groupe Avril, numéro un français des oeufs, va vendre cette activité et se recentrer sur la transformation du végétal, épousant ainsi la tendance de fond qui parcourt le secteur agroalimentaire.

"L'ambition est parfaitement claire, on veut devenir le leader des solutions végétales au service des transitions, qu'elles soient alimentaires, environnementales ou agricoles", a déclaré mardi 13 avril Jean-Philippe Puig, le directeur général d'Avril, lors d'une conférence de présentation des résultats 2020 du groupe et d'un plan stratégique à horizon 2030. Il entend néanmoins poursuivre son développement dans les produits alimentaires de grande consommation, dont les huiles de table et les condiments, un des quatre axes dans lesquels le groupe entend "accélérer sa croissance". Parmi les autres axes, figurent les ingrédients de spécialités, "en accélérant le développement de solutions végétales innovantes pour des applications en nutrition animale, en alimentation humaine et en chimie renouvelable".

Le groupe a ainsi démarré la construction d'une usine de production de protéines de colza à destination de l'alimentation humaine à Dieppe, a rappelé M. Puig, selon qui l'usine, en association avec le néerlandais DSM, devrait être achevée "à la fin de l'année". Le groupe, qui produit du biodiesel et notamment Oleo100, un agrocarburant 100% végétal à base de colza, entend également développer ses activités dans les énergies renouvelables.

Enfin, le groupe compte développer les "services et solutions pour les exploitations agricoles", par exemple dans les domaines de la nutrition animale et de la fertilisation. "On veut concentrer nos moyens financiers sur ces quatre axes. Du coup, on a décidé de sortir de la transformation animale, c'est-à-dire des métiers de la transformation de l'oeuf, du porc", a déclaré M. Puig. Dès l'an dernier, le groupe avait évoqué les "lourdes pertes" de sa filiale Matines et souligné "l'urgence de transformer notre modèle", encore largement tourné vers l'élevage en cages qui n'a plus les faveurs des consommateurs.

Les acquéreurs pas encore connus

M. Puig a cependant récusé toute logique financière dans un choix qu'il a qualifié de "stratégique" : "On pourrait se dire : « ils n'y arrivent pas dans l'oeuf, ils font la cession », pas du tout !"

"On est en train de redresser la branche oeufs, c'est vrai que c'est difficile, c'est vrai que globalement, on avait un modèle qui n'était pas en ligne avec l'attente du consommateur, on est en train de le faire bouger, on a annoncé un certain nombre de restructurations, on continue à investir sur un certain nombre de sites", a déclaré M. Puig.

"Ce qui est vrai pour l'oeuf coquille n'est pas vrai pour l'oeuf transformé, les ovoproduits sont des activités tout à fait lucratives", a affirmé M. Puig, qui a fait valoir que l'activité transformation du porc, qui concerne l'export, a connu une année 2020 "exceptionnelle", du fait de la demande chinoise.

Ces activités semblent toutefois moins rentables que d'autres pans du groupe : si elles ont représenté en 2020 quelque 8,5% du chiffre d'affaires, elles ont compté pour moins de 1% de l'excédent brut d'exploitation dégagé par Avril, lors d'un exercice marqué par une bonne résistance à la crise sanitaire. Le chiffre d'affaires est resté stable, autour de 5,8 milliards d'euros (-1,3%), tandis que le bénéfice net part du groupe a progressé d'un peu moins de 70%, à 59 millions d'euros.

Les acquéreurs des activités que souhaite céder le groupe ne sont pas encore connus, selon M. Puig, qui a affirmé n'être "pas dans l'urgence au niveau de ces cessions". "On souhaite alléger notre portefeuille pour faire en sorte que d'autres puissent faire peut-être mieux, plus rapidement que nous sur les oeufs et sur les porcs et continuer de les accompagner, soit sur le plan financier, soit sur leurs approvisionnements, en nutrition, en produits que pourrait faire le groupe", a-t-il conclu.

Confondues, les activités de transformation du porc et de l'oeuf emploient actuellement quelque 930 personnes dans huit sites, dont six pour les oeufs et deux pour le porc.