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Le jardin d’hiver, un bonus pour le bien-être des poulets, un malus pour la rentabilité
Une étude de l’Anses documente les effets bénéfiques des jardins d’hiver sur la santé et le bien-être des poulets de chair, sans altérer la productivité. Mais leur surcoût, et les contraintes techniques, constituent des freins à leur émergence.
Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), un jardin d’hiver, dénommé aussi véranda, préau ou aire à climat extérieur est un espace supplémentaire accolé au poulailler, couvert par un toit et ouvert sur au moins un côté (le plus long) protégé par un grillage et/ou un filet brisevent. Couvert de litière et accessible par des trappes ouvertes au moins pendant la journée, le jardin d’hiver offre aux volailles un espace supplémentaire, bénéficiant de conditions d’ambiance différentes de la salle d’élevage ainsi que de la lumière naturelle, tout en assurant la sécurité des animaux par rapport à un parcours (sanitaire, prédation). Et selon les conclusions d’une étude de l’Anses, le jardin d’hiver a donc des effets bénéfiques sur la santé et le bien-être des poulets de chair.
Conduite dans le cadre du projet CoCoRiCo, coordonnée par l’Itavi et financé par le Casdar, l’étude a comparé deux lots de poulet de chair hébergés dans des enclos intérieurs « enrichis », c’est-à-dire exposés à la lumière naturelle et disposant de plateformes surélevées et de ballots de luzerne. La densité était de 2 478 poulets pour 162 m2, la moitié ayant également accès à un jardin d’hiver de 72 m2. Les observations montrent que les poulets ayant accès aux jardins d’hiver étaient significativement plus actifs : ils marchaient et couraient davantage, et passaient moins de temps couchés. Cette activité accrue a une conséquence directe par la réduction marquée des brûlures du tarse, un problème cutané pouvant apparaître lorsqu’un animal reste immobile trop longtemps en contact avec la litière. Ainsi, aucun cas significatif n’a été observé chez les poulets ayant accès à un jardin d’hiver, contre 15,3% de cas modérés dans le groupe témoin.
Des stimulations sensorielles supplémentaires
Parmi les facteurs favorables identifiés, l’exposition à l’air extérieur, aux variations de température, de luminosité et de type de litière, ou encore aux odeurs contribue à enrichir l’environnement des animaux. Les observations ont d’ailleurs montré que les poulets utilisaient davantage les jardins d’hiver en fin de matinée, période où ces espaces étaient exposés au soleil. « Nous pensons que les effets observés sont liés à l’accès à un environnement semi-ouvert, qui offre aux animaux des stimulations sensorielles supplémentaires », indique Frédérique Mocz, chargée de projets de recherche sur le bien-être animal au laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses et principale autrice de l’étude. A noter que l’accès au jardin d’hiver n’affecte ni le poids des poulets, ni la consommation d’aliments ou d’eau, ni la mortalité ni la productivité de l’élevage.
Des contraintes techniques et financières
Si les résultats doivent encore être confirmés en dehors des conditions expérimentales, l’étude met au jour un levier potentiel pour améliorer la santé et le bien-être des poulets de chair. Cependant, l’emprise foncière (entre 20 et 40% de la surface de l’enclos intérieur), les contraintes techniques (notamment la ventilation de l’enclos), la charge de travail supplémentaire et au final le surcoût sont autant de freins au développement de cette architecture, sauf à être répercutés dans le coût de production et le prix de vente. Qui plus est, l’accès au jardin d’hiver est contraint par les exigences de température des poulets. Jusqu’à 15-20 jours, les poulets sont incapables de réguler leur température corporelle et ont besoin d’une température de 26 à 28°C. La température de confort thermique décroît progressivement avec l’âge jusqu’à une température de 18 à 20°C à partir de 35 jours.
La présence d’un jardin d’hier est susceptible de satisfaire la démarche European chicken commitment (ECC), à l’initiative d’une trentaine d’associations de protection animale, exigeant des entreprises agroalimentaires de nouveaux standards d’élevage et d’abattage des poulets de chair (densité, vitesse de croissance, accès à la lumière naturelle, à des perchoirs, à des substrats à picorer…).