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Le maïs population : une alternative pour votre ensilage ?
En sud Loire-Atlantique, un groupe d’éleveurs a fait le choix du maïs population pour l’ensilage. La démarche entamée depuis plus de 10 ans se poursuit d’année en année par un travail collectif de sélection en parcelle.
Lorsque Florian Couillaud se gare à proximité de sa parcelle de maïs ensilage, il sait que la variété plantée surprend les curieux. Elle ne présente pas de caractère homogène. Et pour cause, l’éleveur laitier basé sur la commune du Bignon au Sud de Nantes, implante la moitié de ses 13 ha d’ensilage avec du maïs population. Il ne s’agit donc pas d’une variété hybride, mais d’un mélange de variété qu’il sélectionne visuellement et à la main depuis 2012 avec ses collègues du groupe pâturage du Civam 44. « Il y a de belles bosses cette année » se réjouit l’éleveur ligérien en traversant les rangs de la culture. Si le maïs n’est pas l’élément central de la ration, il reste important sur l’exploitation. « C’est un outil qui me permet d’apporter de l’énergie lorsque j’en ai besoin » souligne Florian Couillaud. Il est particulièrement vigilant sur le mûrissement des épis. « Comme ce n’est pas une variété homogène, ils n’arrivent pas tous à maturité en même temps. Il faut trouver la date de récolte la plus adaptée à l’ensemble de la parcelle » souligne-t-il. D’une manière générale, il se dit satisfait des rendements obtenus depuis 10 ans. « Une bonne année, le maïs population ne peut pas concurrencer un hybride. Mais les mauvaises années, il y a toujours une partie des pieds qui compensent et qui arrivent à maintenir un niveau de rendement acceptable » décrit Florian Couillaud.
En complément de l’herbe
À quelques kilomètres plus au Sud, Céline Caillon cultive elle aussi du maïs population sur 5 ha pour l’ensilage. Cette culture est pensée comme un complément fourrager au système herbager qui est valorisé au maximum par le troupeau de 70 vaches laitières. « 2024 est une année exceptionnelle, nous avons fermé les silos depuis avril. D’une manière générale nous réfléchissons à supprimer le maïs ensilage de la ration » évoque-t-elle. Dans l’attente de se passer de cette culture, produire du maïs ensilage population lui convient bien. Elle estime que l’utilisation de variétés population fonctionnent justement parce que le maïs n’est pas central dans la ration. « Je ne pense pas que nous gagnons beaucoup d’argent car les rendements ne sont pas ceux d’un maïs hybride, mais nous n’en perdons pas non plus » rapporte-t-elle. Les deux éleveurs évoquent une démarche qui nécessite du temps et de la main d’œuvre mais qui ne génèrent pas de charge économique (voir encadré). « Quand je vois la dose de maïs hybride à plus de 150 €, à raison de deux doses par hectare sur 10 ha, cela représente un poste important. Surtout pour que le maïs soit détruit par les corbeaux, taupins et sangliers. Sans parler des aléas climatiques. Quand j’ai des dégâts de ravageurs sur mon maïs population, je me dis que ça ne m’a rien coûté » souligne Florian Couillaud.
Un process de sélection manuel
Lors du lancement du projet « maïs population » au début des années 2010, les membres du groupe Civam 44 ont cultivé les premiers pieds de maïs dans le fond du jardin pour les sélectionner. Aujourd’hui alors que les maïs population sont stabilisés sur chaque exploitation, la sélection se fait au champ. « Nous gardons 4 rangs sur 300m que nous laissons mûrir. Nous organisons ensuite des chantiers collectifs pour récolter les plus beaux épis sur les plus beaux maïs. Les poupées de travers ou fécondées au trois quart ne sont pas gardées. Nous pouvons aussi sélectionner selon la position de l’épi. S’il est trop haut, le maïs peut se coucher » détaille Céline Caillon. Les épis sont ensuite mis à sécher suspendus au plafond dans des sacs filets. « Chez nous c’est au-dessus de la salle de traite pour optimiser le séchage » rapporte l’éleveuse. Le groupe se retrouve ensuite en avril avec le un trieur et un égreneur pour préparer la semence. Les deux éleveurs se réjouissent de ce travail collectif qui perdure d’année en année. « ça montre bien que lorsque nous travaillons ensemble en agricole, nous arrivons à faire des choses très intéressantes » se félicite Florian Couillaud.