Le projet Belis ou comment booster les légumineuses par la génétique

Bénéficiant d’un financement européen et associant pas moins de 34 partenaires issus de 18 pays, le projet de recherche Belis, sous la houlette de l’INRAE, vise à développer la production de légumineuses, graines et fourrages, en tirant parti de nouvelles méthodes de sélection et en favorisant la collaboration entre les acteurs de la recherche et de l'industrie en Europe.

A problématique européenne, réponse européenne : telle pourrait être la devise du projet de recherche Belis (Breeding European Legumes for Increased Sustainability). La problématique, c’est celle de la très large dépendance du continent au soja importé (à plus de 90%) pour des raisons autant historiques et politiques, avec le deal soja/céréales entre les Etats-Unis et l’Europe à la création de la Pac, et agronomiques, les légumineuses à graines produites en Europe souffrant de rendements faibles ou instables et de qualités pas toujours adaptées aux process de transformation.

18 pays, 14 légumineuses

Une partie de la réponse réside dans l’amélioration génétique. C’est tout l’objet du projet de recherche Belis, à large spectre puisqu’il ne rassemble pas moins de 34 partenaires issus de 18 pays et qu’il se concentre sur 14 espèces de légumineuses parmi les plus cultivées en Europe : 7 légumineuses fourragères (trèfle rouge, trèfle blanc, trèfle annuel, luzerne, sainfoin, lotier corniculé et vesce) et 7 légumineuses à grains (pois, féverole, soja, lupin blanc, lentille, pois chiche et haricot commun).

Le projet Belis repose sur approche unifiée de la sélection des légumineuses et intègre des technologies de pointe, afin d'optimiser le progrès génétique et d'obtenir de nouvelles variétés. Au cours de la réunion annuelle des partenaires, qui se tient en Serbie jusqu ‘au 11 septembre, seron présentés un outil de génotypage multi-espèces pour les légumineuses à graines ou encore de nouveaux protocoles de phénotypage et de génotypage destinés à couvrir davantage de caractères d’intérêt, y compris des résistances à de stress (sécheresse, ravageurs, maladies…), ainsi que les caractéristiques qualitatives liées à la valeur nutritionnelle ou technologique pour les industries de transformation. Objectifs : améliorer les méthodes et techniques à haut débit afin d'accélérer et de rendre plus précis le criblage et la caractérisation du matériel génétique dans les programmes de sélection.

Des enjeux multiples

Les protéines végétales sont à la croisée des enjeux de souveraineté alimentaire (la France importe en moyenne 2,9 Mt de tourteaux et 0,7 Mt de graines de soja chaque année), de décarbonation (territoriale et importée), de déforestation, de sobriété en eau, en produits phytosanitaires et bien entendu en engrais minéraux azotés dont s’affranchissent luzerne et autres pois, soja etc. On n’oublie pas la transition alimentaire avec les légumineuses à gaine comestibles, dont les lentille, pois chiche et haricot commun, intégrés dans le projet Belis.