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Une histoire de la mécanisation replacée dans ses enjeux sociaux et environnementaux

Dans cet épisode, Le Cours de l’histoire propose une lecture approfondie de la mécanisation agricole au XXᵉ siècle, en dépassant l’idée d’un progrès uniquement technique. L’introduction massive des tracteurs et des machines de récolte a transformé les pratiques agricoles, les paysages et les équilibres sociaux dans les territoires ruraux.

Cette approche s’appuie notamment sur les analyses de Christophe Bonneuil, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’EHESS, spécialiste de l’histoire des sciences et de l’histoire environnementale. Ses travaux permettent de replacer la mécanisation dans une histoire plus large des relations entre agriculture, techniques et environnement, en interrogeant les choix de modernisation et leurs effets à long terme.

L’émission mobilise également les recherches de Céline Pessis, maîtresse de conférences en histoire des sciences et de l’environnement à AgroParisTech. Elle rappelle que la mécanisation a suscité débats, résistances et controverses, et qu’elle s’est construite à travers des arbitrages techniques et politiques, loin d’un processus linéaire ou unanimement accepté.

Les Cuma, une réponse collective à la mécanisation

L’histoire de la mécanisation agricole française ne peut être dissociée des Coopératives d’utilisation de matériel agricole, créées en 1945 pour faciliter l’accès aux machines dans un contexte de reconstruction. En mutualisant le matériel, les Cuma ont permis à de nombreuses exploitations de s’équiper sans supporter seules des investissements lourds.

Au-delà de l’accès aux machines, les Cuma ont structuré des collectifs de travail et des formes d’entraide durable. Elles ont joué un rôle central dans la diffusion de la mécanisation tout en maintenant des dynamiques locales de coopération.

L’analyse sociologique des Cuma

Cette dimension collective est au cœur des recherches de Véronique Lucas, sociologue rurale à l’INRAE Bretagne. Ses travaux analysent les Cuma comme des organisations sociales à part entière, où le partage du matériel s’accompagne de règles communes, de discussions sur les choix techniques et d’une organisation collective du travail.
Ses recherches montrent que les Cuma ont été un levier déterminant de la mécanisation, en particulier pour les exploitations de taille modeste. Elles continuent aujourd’hui à jouer un rôle clé dans les transitions agricoles, en facilitant l’expérimentation de nouvelles pratiques et en renforçant l’autonomie collective des agriculteurs.

Une modernisation agricole façonnée par le collectif

En croisant les regards de l’histoire des sciences, de l’histoire environnementale et de la sociologie rurale, l’émission rappelle que la mécanisation agricole n’est pas seulement une affaire de technologies. Elle est indissociable des modes d’organisation et des choix collectifs qui ont structuré l’agriculture française. Les Cuma illustrent cette autre histoire de la modernisation agricole, fondée sur la coopération, la mutualisation des moyens et le partage des responsabilités.

Un livre pour aller plus loin

Pour approfondir cette histoire collective, le livre Mécanique de la solidarité agricole, récit méconnu des Cuma retrace la genèse et l’évolution du mouvement Cuma. À travers archives, analyses et témoignages, il met en lumière un pan souvent peu visible de l’histoire agricole française et éclaire le rôle structurant des Cuma dans la mécanisation et les transitions agricoles.