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Mercredi 03/12/2025
Après trois exercices dans le rouge, les céréaliers au bord de la rupture
Les producteurs de céréales et d’oléagineux réclament sans délai l’activation de la réserve de crise européenne ainsi que le retrait des engrais du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Avant une refonte des politiques publiques entourant leurs productions.
-65 euros/tonne : c’est le différentiel entre le prix de vente prévisionnel du blé tendre récolté cet été et son coût de production, selon l’Observatoire Arvalis-Unigrains. Et selon la FNSEA et cinq organisations représentant les grandes cultures (AGPB, AGPM, CGB, FOP, UNPT), la moisson 2025 est la troisième consécutive à générer un revenu courant avant impôt par actif négatif. « Les grandes cultures sont désormais engagées dans une trajectoire de quasi-faillite nationale » déplorent-elles dans un communiqué commun.
Deux exigences immédiates
Les organisations réclament l’activation de la réserve de crise européenne ainsi que le retrait des engrais des produits soumis au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Ce dernier, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain, va renchérir significativement le prix des engrais azotés, l’Union européenne ayant décidé d’appliquer aux produits importés (acier, aluminium, ciment, électricité, hydrogène et engrais) une taxe carbone équivalente à celle qu’elle impose à ses homologues intra-européens. Une échéance qui « porte l’urgence à son comble » pour les céréaliers. « Sans suspension immédiate par la Commission européenne, la taxe fera exploser le coût des fertilisants, avec un impact estimé à 500 M€ pour les grandes cultures et des trésoreries déjà exsangues ne pourront encaisser le choc, dénoncent-ils. Il n’existe plus aucun amortisseur. Sans décision rapide, les arrêts de production en grandes cultures seront inévitables et la perte de capacité agricole pour le pays, irréversible ».
« Changer de cap »
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard, qui a reçu mardi les représentants des producteurs, a abondé dans le sens de leurs revendications, Elle leur a indiqué vouloir demander l’activation de la réserve de crise européenne pour les grandes cultures et a évoqué un dispositif d’allégements de charges, sans oublier de plaider leur cause sur l’exclusion des engrais du MACF. « Ces engagements ne suffiront que s’ils s’inscrivent dans un changement clair de cap » ont toutefois nuancé les céréaliers. « La responsabilité de la crise actuelle dépasse le seul ministère de l’agriculture : elle relève de l’ensemble des politiques publiques qui impactent les exploitations de grandes cultures, de la régulation commerciale européenne aux règles environnementales, en passant par la fiscalité et le soutien aux facteurs de production ».
Les céréaliers devraient faire entendre leurs voix le 18 décembre à Bruxelles où doivent converger les agriculteurs, à l’appel des principaux syndicats agricoles européens. A la veille d’un Conseil de l’Union européenne, qui pourrait acter la ratification de l’accord UE-Mercosur, les éleveurs risquent également d’être nombreux.