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Loup : des tirs de défense sans autorisation préalable, le plafond de prélèvement maintenu à 19%

A compter de 2026, les éleveurs seront autorisés, en cas d’attaque, à pratiquer des tirs de défense sans autorisation préalable. Une mesure de gestion qui découle du déclassement du loup au plan européen, attendue par les éleveurs, vilipendée par les associations de protection de la nature, alors qu’un rapport de l’OFB évoque des possibilités de trajectoires de décroissance de la population.

Une déclaration post-tir létal en cas d’attaque et uniquement en cas d’attaque en lieu et place d’une demande d'autorisation de tir post-attaque : telle est la principale mesure adoptée mardi à l’issue de la réunion du Groupe national loup, et qui sera effective à compter de 2026. A compter de 2026, la réglementation nationale inclura une simplification significative des conditions de tirs de défense pour protéger les élevages ovins, caprins, bovins et équins, avec la suppression du régime d'autorisations dérogatoires au profit d'un système déclaratif, a annoncé dans un communiqué Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes et coordinatrice du Plan national d'actions (PNA) sur le loup.

C’était l’une des doléances de la Fédération nationale ovine (FNO) en particulier et des éleveurs en général après le déclassement d’un cran du statut de protection du loup au sein de l’UE, passé d’espèce « strictement protégée » à « protégée ». En revanche, le taux de prélèvement demeure fixé à 19% de la population estimée, un taux en vigueur depuis 2019 contre 10% auparavant, ce qui ne satisfait pas la FNO, qui conteste la méthode d’évaluation de la population et défendait l’instauration d’un critère de pression de prédation. Les derniers chiffres de prédation donnent du grain à moudre à la FNO. En date du 15 août, on enregistre une hausse de 27% des attaques et de 31% des victimes comparativement à l’année dernière à la même date. « Le Plan loup est un échec » cingle Claude Font, éleveur et référent prédation à la FNO.

« Chasse au loup »

Pour les associations de protection de la nature (FNE, Aspas, Ferus, Humanité & Biodiversité, LPO, WWF), la décision de l’Etat revient à « libéraliser complètement les possibilités de tir » et à décréter « l’ouverture de la chasse au loup (…)  L’Etat indique qu’il maintient un plafond annuel du nombre maximum de loups pouvant être tués. Mais il est dans l’incapacité de dire comment il pourra contrôler les destructions de loups, et donc très concrètement les moyens de faire respecter ce plafond annuel. Qu’est ce qui pourrait demain dans ces conditions limiter les destructions de loups à grande échelle ? Qu’est-ce qui pourrait permettre d’éviter la baisse annoncée du nombre de loups ? Et qu’est-ce qui pourrait permettre à l’Etat d’assurer qu’il garantit l’état de conservation de l’espèce ? »

Un rapport sur les projections démographiques à 2035

Le jour même de la réunion du Groupe national loup, l’OFB et le Muséum National d’Histoire Naturelle rendaient un rapport commandité en décembre 2024 par les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture, qui souhaitaient disposer d’une projection de la population à l’horizon 2035 sous contraintes de tirs dérogatoires en actualisant les travaux de l’évaluation prospective de 2017. Résultats ? « Sous hypothèse du non-changement du niveau de prélèvement fixé à 19% de l’effectif estimé), les projections à l’horizon 2035 montrent une large gamme de trajectoires démographiques possibles. Contrairement aux résultats de 2017, l’actualisation des projections montre aujourd’hui des possibilités de trajectoires de décroissance de la population, pouvant s’expliquer en partie par l’augmentation du nombre de tirs dérogatoires après 2019. Comme appliqué depuis 2019, le niveau de gestion appliqué à la population de loups dans son fonctionnement actuel présente un niveau de risque relativement équilibré ayant pour effet de contenir la croissance de la population ».