- Accueil
- Nestlé lance une alternative végétale au thon
Nestlé lance une alternative végétale au thon
Après le lait et la viande, le poisson sera-t-il le nouveau champ de développement des substituts ?
Nestlé vient donc de lancer, en Suisse dans un premier temps, le «Sensational Vuna », une alternative végétale au thon, composée de seulement 6 ingrédients, dont de la protéine de pois. Ce lancement pourrait paraître anecdotique mais il illustre la volonté stratégique du géant de l’agroalimentaire d’étendre ses gammes végétales afin de répondre à une tendance de consommation de plus en plus ancrée dans la société : après les substituts à la viande, au fromage ou aux œufs, les offres végétales continuent à se multiplier.
La maturité de la pénétration du marché par ces différentes offres est encore très hétérogène. Les substituts au lait ont par exemple déjà conquis plus de 10% du marché américain et voient leur croissance ralentir, quand les alternatives végétales à la viande grignotent des parts de marché en s’appuyant sur d’une forte croissance. À l’inverse, le segment des substituts aux produits de la mer est encore très peu exploité, ce qui lui réserve une belle marge de progression. En France, pays à la tradition culinaire forte, la pénétration de ces alternatives végétales est bien moindre et le dernier bilan de la consommation de produits laitiers publié par FranceAgriMer indique même que la croissance des achats de jus végétaux s’est arrêtée, les volumes achetés reculant de 3,7% en 2019.
Le lancement d’alternatives végétales aux produits de la mer répond aux mêmes logiques sous-jacentes que celles misent en avant pour les autres substituts : on y retrouve des notions de bien-être animal, de lutte contre la surexploitation des ressources (surpêche dans le cas présent), ou encore des arguments de santé (crainte des pollutions aux métaux lourds, par exemple).
Ces logiques se diffusent de plus en plus au sein de la population des pays développés, bien au-delà des partenaires de régime vegan. La cible principale est en fait celle des flexitariens, ceux qui veulent seulement réduire leur consommation de protéine animale, sans pour autant la supprimer complètement.
Cela pourrait annoncer un avenir prometteur pour les alternatives végétales au poisson, alors que les projets se multiplient : Thai Union (un des leaders de la transformation des produits de la mer, notamment propriétaire de Petit Navire) participe par exemple au Smart Protein Project soutenu par l’Union Européenne, ou encore, plus proche de nous, la start-up Odontella, basée en Nouvelle Aquitaine, a lancé en 2019 une alternative végétale au saumon. Tyson Foods, plus connu pour ses produits carnés, a également investi dans le secteur au travers de la start-up New Wave Foods qui a développé une alternative aux crevettes.
Sous l’effet cumulé de nouvelles tendances sociétales, d’une gamme de produits en développement et de l’intérêt des géants agroalimentaire, le contexte est favorable au développement des offres végétales notamment aux substituts des produits de la mer. Un développement qui n’en est qu’à son extrême commencement et pour lequel le «Sensational Vuna» pourrait faire office de premier test.
Article de l’analyse de la conjoncture et de l’actualité agricole et agroalimentaire – sept 2020