Ouvertures toutes ! pour l'interprofession des semences

Rebaptisée Semae, l’interprofession des semences et plants (ex-Gnis) intègre une 9ème section réservée aux acteurs et promoteurs de la semence non certifiée. Semae veut aussi être davantage en prise avec la société et propose à l’État un contrat d’objectif et de performance s’agissant la mission de service public dévolue au Soc. Julien Denormandie entérine la proposition.

Le Gnis ne fêtera pas son 60ème anniversaire. Créé en 1962, l’interprofession des semences et plants s’efface pour laisser place à Semae. Il ne s’agit pas d’un acronyme mais d’une référence à la semence s’agissant de la sa première syllabe. En ce qui concerne les lettres « ae », on peut y voir une référence à "agriculture et environnement", "agroécologie ou encore "agriculture et économie" (la filière a enregistré un bénéfice commercial de 1 milliard d’euros en 2020).

« Nous avons mis trop de temps à prendre en compte et à accepter les interrogations de la société civile, consommateurs et citoyens, sur nos méthodes de production et de recherche, a déclaré François Desprez, président de Semae, à l’occasion de la présentation du nouveau plan stratégique de l’interprofession. Notre interprofession n’est pas perçue comme ayant une utilité sociale. Notre rôle est parfois contesté et méconnu alors que nous avons un rôle essentiel à jouer pour relever les défis majeurs de l’agriculture, en matière d’alimentation, de changement climatique et de biodiversité ».

Un Comité des enjeux sociétaux

Sema va ainsi se doter d’un « comité des enjeux sociétaux » présidé par Pierre-Benoît Joly, président du centre Inrae Occitanie-Toulouse, qui aura « carte blanche pour constituer son équipe et éclairer les travaux du conseil d’administration de Semae, indique Claude Tabel, président de la section plantes fourragères et gazons. Le comité, dont nous attendons un rôle d’expertise, d’alerte et de critique, répondra à des saisines de notre conseil d’administration mais s’auto-saisira de ses propres sujets, avant de nous rendre compte de ses recommandations ».

Semences de ferme, paysannes, participatives

Outre l’ouverture à la société, Semae fait aussi œuvre de diversité au sein même du monde agricole, à travers deux changements notables. Le premier concerne la représentative syndicale au sein du collège « utilisateurs », comptant cinq membres. A l’automne dernier, à l’occasion du renouvellement du conseil d’administration, avait été entérinée l’ouverture du collège « utilisateurs », aux syndicats minoritaires que sont la Confédération paysanne et la Coordination rurale, qui disposent désormais chacun d’un siège contre deux à la FNSEA et un aux JA, « conformément aux résultats des élections professionnelles », précise François Desprez. Semae attend des nouveaux venus la désignation de leur administrateur respectif.

L’ouverture de l’interprofession aux représentants et promoteurs des semences fermières, des semences paysannes et autres semences alternatives constitue à n’en pas douter le signe sans doute encore plus emblématique d’une ouverture à 360°. Une 9ème section, baptisée « diversité des semences et des plants », va ainsi s’ajouter aux huit autres définies par espèces ou groupes d’espèces, mais au fonctionnement sera strictement identique, reposant sur les collèges.

N’excluant pas les acteurs de la semences certifiée et/ou contrôlée, la présidence et la vice-présidence seront réservées aux nouveaux entrants, ce qui leur ouvrira de fait l’accès au conseil d’administration de Semae. Quid de la gouvernance ? « Il y a des écarts de point de vue entre les différentes parties prenantes mais il y a aussi beaucoup d’éléments qui nous rassemblent, déclare Pierre Pagès, vice-président de Semae. Nous travaillons tous sur la semence, sur des objectifs et sur des solutions pour répondre à de grands défis tels que le changement climatique. L’interprofession est l’instance par excellence pour échanger et prendre collectivement les bonnes décisions ».

Contrat d’objectif et de performance pour le Soc

Outre la 9ème section, Semae va également mettre en place quatre commissions transversales, destinées à renforcer la réactivité, le dialogue entre sections et à partager des problématiques communes. En 2018, les semences et plants bio avaient intronisé la première commission transversale. Elles sont désormais au nombre de cinq, avec les commissions communication, réglementation, études et prospective et enfin innovation.

En ce qui concerne le Service officiel de contrôle et de certification des semences et plants (Soc), mission de service public confiée à l’interprofession des semences et plants par l’État, sous la responsabilité d’un fonctionnaire détaché et certifiée ISO, Semae souhaite renforcer les gages d’impartialité du service en l’inscrivant dans un contrat d’objectifs et de performance avec l’État.

Le ministre de l’Agriculture a entériné la proposition, par la voie d’un message vidéo, ce qui lui a évité au passage de répondre à des questions sur la position officielle de la France sur les nouvelles technologies de sélection (NBT), le ministre s’étant ouvert à une distinction entre les NBT et la réglementation sur les OGM. Dans une lettre ouverte au Premier ministre et à la ministre de la Transition écologique, publiée ce 27 janvier, la Confédération paysanne attend de savoir si  « le gouvernement a décidé de s’asseoir sur les décisions des plus hautes juridictions européenne et française, au mépris de toutes les règles institutionnelles qui fondent notre démocratie » ?