Pas de surtaxes pour les tracteurs « made in USA »

Les surtaxes de 25% appliquées par Bruxelles concernent les tracteurs d’une puissance maxi de 176 ch. John Deere et ses séries 7R, 8R et 9R, fabriquées dans l’Iowa, échappent ainsi à la réplique de l’UE aux sanctions américaines s’appliquant notamment à des produits agricoles français et européens.

Ce 10 novembre 2020, la Commission européenne a mis à exécution sa menace de taxer des produits américains, une possibilité que l’OMC lui octroyait, en réponse aux sanctions que les USA appliquent depuis un an sur les Airbus et des produits agricoles, avec une prédilection pour les vins tranquilles français.

L’UE a décidé de surtaxer les produits aéronautiques américains à hauteur de 15% et les produits agricoles, agroalimentaires et autres produits manufacturés à hauteur de 25%, dans la limite de 4 milliards de dollars de surtaxes. Dans cette catégorie figure une centaine de produits parmi lesquels les poissons vivants d’eau douce, le saumon d’Atlantique et du Pacifique, le cheddar, les patates douces, les billards, les sacs à main, même à bandoulière, y compris ceux sans poignée à surface extérieure en cuir naturel ou en cuir reconstitué ou encore les feuilles en polyéthylène, d'une épaisseur de 20 micromètres ou plus mais n'excédant pas 40 micromètres, destinée à la fabrication de film photorésistant pour les semi-conducteurs ou des circuits imprimés.

La ketchup blacklisté

Il y a aussi les tracteurs agricoles et forestiers. L’UE aurait pu s’offrir un symbole, en ciblant John Deere, marque emblématique s’il en est. Le constructeur exporte en effet des Etats-Unis vers l’Europe ses modèles les plus puissants, à savoir les séries 7R, 8R et 9R, les séries standards inférieures étant fabriquées en Allemagne, à Mannheim, ville dans laquelle John Deere est implanté depuis 1956, suite au rachat du constructeur Heinrich Lanz AG. Les autres fabricants tels que Massey Ferguson ou Case IH ne sont pas concernés par ces échanges transatlantiques, du fait de la présence d’usines de tracteurs sur le sol européen, en l’occurrence Beauvais pour la majeure partie des gammes Massey Ferguson.

Par sagesse ou par frilosité, la Commission européenne a limité aux tracteurs de moins de 176 ch l’application de surtaxes de 25%. Autrement dit, un coup d'épée dans l'océan. Si les sanctions deviennent effectives, Boeing devrait être la marque la plus impactée, ce qui ne serait pas totalement injuste dans la mesure où le conflit UE-USA est lié au secteur aéronautique. A ceci près que le secteur aérien est atone et à terre à cause du Covid.

En attendant, la filière viticole française a abandonné 400 millions d’euros de chiffre d’affaires outre-Atlantique en un an. Pas sûr qu’elle se console de la surtaxation du ketchup.