Pourquoi les éoliennes font-elles débat ? (2/4)

Les opposants aux éoliennes leur reprochent de produire trop peu d’électricité, d’avoir un impact négatif sur la biodiversité, de défigurer les paysages, d’être à l’origine de nuisances sonores ou encore, de ne pas être recyclables. De ce fait, les projets de parcs éoliens font souvent l’objet de contestations, notamment au plan judiciaire. Toutefois, des mesures sont progressivement mises en place en réponse à ces critiques.

Quels sont les arguments les plus fréquemment avancés par les opposants aux éoliennes et quelles pistes d’amélioration sont envisagées afin d’y répondre ?

« Les éoliennes ne produisent pas en permanence de l’électricité et ne permettent pas à elle seules de répondre aux besoins des consommateurs »

L’un des inconvénients de l’énergie éolienne reste sa difficulté à la prévoir. En effet, les vents sont difficiles à anticiper et si une éolienne a besoin d’un vent minimum pour démarrer, elle s’arrête de fonctionner en cas de vents supérieurs à 90 km/h.

Cependant, l’inconvénient lié à l’absence de production permanente est commun à toutes les formes de production d’énergie : le photovoltaïque produit plus en milieu de journée, l’hydroélectricité produit en fonction de la disponibilité de l’eau et les installations nucléaires et thermiques doivent être arrêtées régulièrement pour des opérations de maintenance qui peuvent durer plusieurs mois. Dans le cas de l’éolien, le fait de disposer de nombreux parcs répartis sur l’ensemble du territoire contribue à la régularité et à la sécurité de l’approvisionnement car les régimes de vent sont différents selon les régions.

« Les éoliennes ont un impact important sur la biodiversité »

Les éoliennes terrestres peuvent être présentées comme une menace pour les oiseaux et les chauves-souris. Si certains parcs éoliens, généralement les plus anciens, peuvent en effet avoir un impact sur la biodiversité (altération des habitats, dérangement des espèces ou mortalité directe par collision), la prise en compte de la biodiversité dans le développement et l’exploitation des parcs éoliens a beaucoup progressé. Avant toute implantation d'éoliennes, il est aujourd'hui obligatoire de réaliser une étude d'impact puis de mettre en œuvre des mesures afin d'éviter ou de réduire et enfin de compenser les éventuels impacts résiduels. Si un parc éolien est autorisé, c’est que son impact sur la biodiversité a été jugé acceptable et qu’il ne met pas en danger la conservation de l’espèce. L’impact des éoliennes sur les chauves-souris et les oiseaux peut ainsi être fortement limité par un choix judicieux du lieu d’implantation et par la mise en œuvre de « plans de bridage » (par exemple, en programmant un ralentissement ou un arrêt des pales d'une éolienne aux « heures de pointe » de passage des oiseaux ou chauves-souris, ou en période migratoire).

Les éoliennes maritimes sont également dénoncées pour leur impact sur la biodiversité, en particulier lorsque les parcs éoliens sont situés dans des zones où évoluent des espèces protégées. Les détracteurs pointent du doigt la destruction des habitats par les forages et la fuite des espèces marines par le bruit généré. Il est vrai que l’implantation d’éoliennes en mer nécessite une connaissance élevée du milieu marin sur les paramètres physiques, sur la biodiversité et sur les activités existantes. C’est la raison pour laquelle des études sont réalisées par l’État, RTE (le gestionnaire du réseau public de transport d'électricité) et les porteurs de projets pour répondre aux appels d’offres, dimensionner les parcs et mettre en place des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts. Après avoir été désigné lauréat d’un appel d’offres, le porteur de projet doit obtenir différentes autorisations auprès des autorités compétentes avant la construction du parc. Le parc est ensuite exploité pour une durée d’environ 25 ans avant d’être démantelé.

« Les éoliennes dénaturent les paysages »

La quasi-totalité des éoliennes actuellement installées sur le territoire sont de hauteur totale (hauteur en bout de pales) d’environ 150 mètres. Dans les années à venir, leur hauteur sera conduite à augmenter pour augmenter leur puissance unitaire et exploiter les zones de gisement de vent moins favorables. Avec cette augmentation de la hauteur des machines et le nombre croissant d’éoliennes sur le territoire, la question de leur acceptabilité au plan esthétique est un véritable enjeu pour envisager le développement de la filière dans le futur. Cela nécessite une limitation de l’impact visuel des éoliennes sur les paysages et une vigilance accrue en matière de proximité avec des sites remarquables. Aujourd’hui, l’implantation d’un parc est soumise à un examen approfondi de l’intégration des éoliennes dans leur environnement et de la bonne prise en compte des enjeux associés à leur exploitation, et fait notamment l’objet d’une étude d’impact. L’étude d’impact doit aborder les impacts positifs et négatifs d’un projet pour l’ensemble des thématiques environnementales.

« Les éoliennes émettent un bruit de fond »

Ce bruit est dû à des vibrations mécaniques entre les composants de l’éolienne et au souffle du vent dans les pales. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) considère que les émissions acoustiques audibles des éoliennes sont, bien souvent, « très en deçà de celles de la vie courante ». À 500 mètres de distance, soit la distance minimale imposée par la réglementation française entre une éolienne et une habitation, le bruit est généralement inférieur à 35 décibels (bruit d’une conversation à voix basse). Des travaux sont en cours pour stabiliser le protocole de mesure de l’impact acoustique en vue d’une systématisation de son contrôle à l’installation de chaque nouveau parc.

« Les éoliennes posent un problème de recyclage »

Les éoliennes sont composées à 90 % d’acier et de béton, à 6 % de résine et de fibres de verre ou de carbone (contenus dans les pales) et à 3 % de cuivre et d’aluminium. Se pose donc la question de leur recyclage lorsque les éoliennes sont en fin de vie, la durée de vie moyenne d’une éolienne étant comprise entre 20 et 25 ans. Concrètement, 93 % du poids d’une éolienne terrestre est totalement recyclable (acier, béton, cuivre et aluminium). Les pales (6 % du poids de l’éolienne) sont en revanche plus difficiles à recycler ; elles sont incinérées et utilisées comme combustibles dans les cimenteries. Des travaux de recherche sont conduits pour améliorer leur conception et leur valorisation. La réglementation impose des objectifs de recyclage, à la fois pour les éoliennes déjà installées et pour les éoliennes futures (obligation de recycler 90 % des éoliennes démantelées à partir de 2022).

Sources : ADEME ; RTE ; Ministère de la transition écologique ; www.eoliennesenmer.fr ; Novethic

Article 1/4 : Énergie éolienne : comment ça marche ?