- Accueil
- Quand et comment intervenir contre les pucerons ?
Jeudi 30/10/2025
Quand et comment intervenir contre les pucerons ?
Un traitement insecticide n’est efficace que s’il est déclenché au bon moment : dès que 10 % des plantes portent au moins un puceron ou si leur présence dépasse dix jours. Inutile d’agir trop tôt ; mieux vaut observer, ajuster selon la météo et diversifier les produits pour limiter les résistances et protéger durablement la culture.
Une fois la culture levée, il est recommandé d’effectuer un traitement insecticide à base de pyréthrinoïdes lorsque 10 % des plantes sont infestées par au moins un puceron, ou si la présence des insectes se prolonge au-delà de dix jours.
Traiter au bon moment pour une efficacité optimale
Un traitement anticipé, avant l’atteinte de ces seuils, présente une efficacité limitée. À l’inverse, un déclenchement légèrement tardif (1 à 2 semaines après le seuil) peut rester pertinent si les conditions climatiques favorisent des infestations prolongées. En revanche, en cas d’infestations massives et/ou précoces, tout retard de traitement peut s’avérer très pénalisant.
Un second passage rarement justifié
Une seconde application n’est généralement pas justifiée, sauf en cas de nouvelles colonisations, qu’il s’agisse de colonies résiduelles ou d’arrivées tardives, notamment si les températures demeurent élevées. Sur 19 essais en semis précoce d’orge sensible réalisés en zone à risque élevé entre 2015 et 2021, le gain moyen d’un second traitement était inférieur à 2 q/ha dans plus de 70 % des cas. Dans cinq situations particulièrement favorables aux infestations prolongées, la seconde intervention a permis un gain moyen de 15 q/ha par rapport à un traitement unique bien positionné.
Surveiller les populations et diversifier les stratégies
La quasi-totalité des spécialités disponibles (tableau 1) appartiennent à la famille des pyréthrinoïdes, ce qui favorise l’apparition de résistances.
Pour limiter ce risque, il est recommandé de diversifier les spécialités utilisées, en suivant deux principes :
- Utiliser Karaté K (ou Okapi, ou Open), seule spécialité combinant deux modes d’action (lambda-cyhalothrine + pyrimicarbe).
- Diversifier les produits de la famille des pyréthrinoïdes selon leur sous-famille (tableau 2).
Une période de sensibilité longue nécessitant une surveillance continue
La période de sensibilité des plantes est relativement longue, allant de la levée jusqu’à montaison. Les observations doivent donc se poursuivre tant que les conditions climatiques sont réunies, même si elles sont contraignantes et plus difficiles à réaliser à des stades avancés, lorsque les pucerons se dissimulent davantage au pied des plantes. Même en faible nombre et plus difficiles à détecter sur des cultures avancées, les pucerons peuvent transmettre des virus et provoquer des dégâts significatifs.
Le piégeage, un outil d’alerte pour orienter les observations
Le suivi des captures d’individus ailés sur des pièges attractifs (plaques engluées jaunes ou cuvettes jaunes) fournit des informations sur l’activité de vol. Ces données permettent de déclencher ou de renforcer les observations dans la culture. Le piégeage renseigne également sur le risque de nouvelles infestations après une première application insecticide. Cependant, il est important de noter que ces pièges capturent différents insectes et plusieurs espèces de pucerons, qui ne s’installeront pas nécessairement dans la culture. Ils constituent donc un outil d’alerte pour orienter les observations sur les plantes, mais ne doivent pas être utilisés comme critère direct pour déclencher un traitement.
Et contre les cicadelles ?
La maladie des pieds chétifs est globalement moins fréquente et plus régionalisée que la JNO. Historiquement connue dans le Centre et l’Est, elle est tout de même observée dans de nombreuses régions, et notamment dans le Sud-Ouest récemment (figure 1).
La cicadelle Psammotettix alienus est la seule espèce vectrice du virus des pieds chétifs, provoquant des dégâts significatifs aussi bien sur blé que sur orge. Adultes, les larves sont très mobiles au sein de la parcelle et capables d’infecter de nombreuses plantes. En raison de cette forte mobilité, le traitement doit être déclenché sans attendre dès que les seuils d’intervention sont atteints.
La pose de pièges attractifs (plaques jaunes engluées ou cuvettes jaunes) et le suivi des captures permettent de décider du moment de l’intervention, à condition de savoir identifier l’espèce capturée. Il est conseillé de réaliser un traitement insecticide (tableau 1) dès l’observation d’une trentaine de Psammotettix alienus en suivi hebdomadaire, ou d’une vingtaine de captures entre deux relevés dans le cas d’un suivi bi-hebdomadaire.
Repérer les cicadelles directement sur les plantes est plus difficile car elles sont davantage mobiles dans la parcelle que les pucerons.
Néanmoins, la détection d’au moins cinq cicadelles en cinq points de la parcelle indique une forte activité et nécessite une intervention immédiate. Il convient de surveiller leur présence par temps chaud et ensoleillé, en inspectant différents points de la parcelle. La surveillance doit se poursuivre tant que les conditions climatiques restent favorables à l’activité des cicadelles, afin de pouvoir réagir rapidement en cas de nouvelles infestations.


