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[Témoignages de 2 experts Arvalis] Maîtrise des adventices : comment distinguer les bons leviers de lutte ?
La recherche appliquée se concentre sur l’identification de combinaisons de leviers d’intérêt pour lutter contre les adventices présentes en grandes cultures. Deux experts d’Arvalis s'y attellent avec le projet COMBHERPIC, afin de créer un outil d’aide à la décision utilisable à l’échelle du système de culture.
Perspectives Agricoles : La combinaison de techniques apparaît comme la seule méthode pour gérer durablement les adventices. Comment identifier les combinaisons les plus efficaces ?
Benjamin Perriot : C’est toute la question du projet COMBHERPIC, lancé en janvier 2023. Ce projet est financé par le plan ECOPHYTO et l’OFB, avec le soutien du ministère de l’Agriculture et du CASDAR. La difficulté est d’identifier les meilleurs leviers de lutte : il y a tant de pistes à explorer qu’il est impossible de les tester toutes par l'expérimentation. Nous avions besoin d’un outil qui permette de prédire ce que donne la combinaison de différents leviers en matière de gestion des adventices. Nous nous sommes appuyés sur la démarche dite des DAG (pour Direct Acyclic Graph), grâce à laquelle nous avons élaboré un schéma qui décrit la gestion des adventices via un réseau de bulles et de flèches, incluant toutes les grandes cultures, y compris celles qui ne sont pas dans le giron d’Arvalis. Pour ce projet, nous avons réuni les experts français de la flore adventice, à commencer par ceux de l’Inrae de Dijon, de l’Acta et des instituts techniques, ainsi qu’Agroscope pour la suisse. Cette mise en commun d’expertises nous a souvent donné l’occasion d’harmoniser nos discours sur les conseils agronomiques, ce qui n’est pas rien. Nous avons notamment réussi à nous mettre d’accord sur les bénéfices d’une technique de gestion à l’interculture comme le faux-semis, qui fait largement débat au sein du conseil agricole.
PA : COMBHERPIC doit-il déboucher sur quelque chose de concret ?
David Pasquier : À la fin du projet, prévue pour décembre 2025, nous pourrons imaginer de nouveaux itinéraires techniques de gestion des adventices, et voir comment ils se comportent, avant même leur mise en place, en fonction d’un contexte pédoclimatique et floristique donné. Cet outil, actuellement en phase de validation, permettra à partir d’un scénario de base, de prédire une variable de sortie d’intérêt. On pourrait par exemple prédire l’efficacité du désherbage d’un système testé dans un contexte de réduction des quantités d’herbicides utilisées tout en préservant la culture, la parcelle et les conditions de travail de l’agriculteur.
En plus de déterminer l’effet d’un système de culture avant sa mise en place, l’outil sera capable à terme de diagnostiquer les meilleures combinaisons agronomiques permettant d’arriver à un objectif fixé : quelle combinaison de leviers peut-on mobiliser pour minimiser l’impact des adventices sur le rendement, en agriculture biologique par exemple.
PA : Quel est le public visé par cet outil ?
Benjamin Perriot : L’outil sera précieux pour des chercheurs explorant des essais systèmes. Mais à l’issue de COMBHERPIC, ce ne sera qu’un prototype. Nous avons prévu de le développer sous la forme d’un outil utilisable par les conseillers et animateurs de groupes agricoles dans le cadre du projet GRAMICOMBI, phase qui commencera en 2026. C’est un un bon outil pour discuter et éclairer sur la pertinence d’une technique : il permet de voir rapidement si une idée est bonne ou pas. L’outil sera alors mis à disposition sur le site du RMT GAFAD. 2026, ce n’est pas si loin !