Revenu des éleveurs : la loi Alimentation n'a pas atteint son but, note Denormandie

La loi Alimentation, qui devait améliorer les revenus des éleveurs en rééquilibrant leurs relations avec les industriels et les distributeurs, n'a "pas encore atteint" cet objectif deux ans après son adoption, admet le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie.

Cette loi, autrement appelée Egalim, invite notamment à mieux rémunérer le travail des éleveurs pour qu'ils ne vendent plus de lait ou de viande au-dessous de leurs coûts de production. "La loi Egalim va dans le bon sens mais l'objectif n'est pas encore atteint", a constaté le ministre le 9 septembre en clôture de l'assemblée générale, à Paris, de l'interprofession laitière, le Cniel. "Il faut absolument aller au bout de la loi Egalim", a-t-il ajouté.

Julien Denormandie a promis d'être "extrêmement vigilant vis-à-vis de comportements pas acceptables" et a brièvement fait allusion à des "trous dans la raquette" concernant les produits vendus sous leur propre marque par la grande distribution (MDD).

Le président du collège des industriels du lait et directeur général adjoint du groupe Savencia, Robert Brzusczak, a affirmé qu'il s'agissait d'un "moment clé pour la survie de la loi Egalim". "Si elle ne s'applique pas à toutes les marques", sous-entendu MDD comprises, "elle mourra de sa belle mort", a-t-il jugé.

"Deux smics mensuels pour vivre correctement"

Eleveurs et industriels reprochent aux enseignes de tirer les prix vers le bas au mépris de leurs coûts de production et au prétexte de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. Ils craignent que les revalorisations sur les produits laitiers obtenues l'an dernier soient effacées lors des prochaines négociations commerciales annuelles entre producteurs et distribution, au vu de la récession mondiale provoquée par l'épidémie de Covid-19.

Ironisant sur les "beaux discours" entendus lors de de l'assemblée générale, Daniel Perrin, le secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), a "demandé" au ministre "de faire respecter (la loi Egalim) pour maintenir une France laitière".

L'interprofession estime que les éleveurs doivent pouvoir se verser au moins l'équivalent de deux smics mensuels pour vivre correctement de leur métier. "C'est un objectif que nous devons atteindre très rapidement pour répondre aux attentes des producteurs", a insisté Thierry Roquefeuil, président du Cniel mais aussi de la FNPL. La loi, issue des Etats généraux de l'alimentation (Egalim) voulus par Emmanuel Macron, a été promulguée fin 2018.