Sel : La saison commence bien

Anthony Oger, saunier Juste & Vendéen à Saint-Hilaire-de-Riez fait le point sur le début de saison du sel.

Quelles sont vos premières impressions sur ce début de saison pour votre récolte de sel ?

Pour moi, on a installé une récolte qui commence sur une saison normale. La campagne de sel se fait entre mi-juin et mi-septembre. Certaines années, on commence un peu plus tôt ; d’autres, beaucoup plus tard. À Saint-Hilaire-de-Riez, on a commencé à la mi-juin ; vers le 17-18 juin. On est généralement tous dans les mêmes dates. Il faut toujours ces quinze jours à trois semaines de beau temps pour que ça démarre.
C'est ma 27e campagne. J'ai vu des années où on faisait le tonnage en trois semaines au mois de juin, puis après on ne voyait plus le sel. D’autres années ont démarré fin juillet : on croyait qu’on ne verrait pas de sel, et puis on a fait un super tonnage fin août ! Il n’y a jamais rien d'écrit dans nos métiers ; la météo, on ne la gère pas, voilà.
Cette saison, on a déjà fait de très belles prises de fleur de sel. On a déjà fait plusieurs tires de gros sel. Aujourd’hui, on est le 30 juin, sur des marais salants qui sont bien lancés. Maintenant ne me demandez pas si la récolte 2025 sera bonne ou pas : je ne peux pas le savoir ! Ce que je peux vous dire, c’est que cela commence mieux que l’an dernier où on n’avait quasiment pas vu le sel ! En 2024, on avait tiré une tonne de gros sel ; l’année d’avant 60 tonnes.
Là en juin, on fait presque une tonne à chaque tire, et on a fait trois grosses tires. On a déjà fait plus de sel en quinze jours qu'on avait fait l'an dernier en totalité : quasiment le triple.

La météo de juin a donc été favorable et vous a permis d’obtenir ces bons premiers résultats…

Oui, mais attendez : tout le monde oublie qu'il y a quinze jours, on avait encore des orages. Là, on a eu deux semaines de beau temps. Mais rappelez-vous qu’avant, il y a trois semaines-un mois, on a quand même eu un week-end entier de flotte ! Les gens oublient vite : en gros, pour eux, « quand il fait beau, il ne pleuvra plus jamais » et puis « quand il pleut pendant un an (comme on a eu l’an dernier), il n’y aura plus jamais de beau temps. »
Pour nous, une année normale et par rapport à nos 56 œillets, c’est un tonnage de 20 à 30 tonnes de sel récoltés. En dessous, on commence à être dans les années « moins bien » ; au-dessus, on est dans les « bonnes années ».
On tourne tout le temps entre 18 et 40 t. Je dirais même qu’au-dessus de 40 t, on peut se dire : « Ah ! On s'en souviendra de celle-là ! » Et en dessous de 18 t, on se dit : « Ben, bon sang, on va s'en souvenir de celle-là ! »
Pour ce début de saison, selon les échos que j’ai eus sur Guérande par exemple, on est sur le même discours : « en huit jours, on est déjà mieux que l’année dernière. » Noirmoutier, pas de nouvelle, L’Île-d’Olonne non plus. Là, si, entre sauniers, on ne s’appelle pas, c’est qu’on est tous au boulot !