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Sous abri-froid, le CTIFL remplace les néonicotinoïdes par des plantes de services
À l’occasion des journées de présentation des essais en cours au CTIFL de Carquefou en juin dernier, Sébastien Picault présentait aux visiteurs les expérimentations menées sur aubergine puis courgette pour contrôler les pucerons en attirant les auxiliaires à l’aide de plantes de services.
Débutées il y a 7 ans, les recherches du CTIFL de Carquefou (Loire-Atlantique) pour protéger les cultures légumières sous abri froid contre les pucerons n’en restent pas moins d’actualité à l’heure du battage médiatique autour de la loi Duplomb. Ce projet, mené par Sébastien Picault, a permis de prouver l’efficacité des plantes de services pour protéger les aubergines sous-abri froid en s’assurant de la présence au bon moment d’insectes auxiliaires prédateurs du puceron.
Infestations divisées par 10
En chiffre, le tunnel équipé d’une rangée centrale implantée avec différentes plantes de service a connu une infestation uniquement sur 5% des plants, quand le tunnel témoin voyait lui 50% des plants très infestés. Le projet se poursuit depuis 2 ans sur courgette avec là aussi des résultats encourageants.
Plantes nectarifères et pollinifères
Pour s’assurer de la présence de prédateurs naturels du puceron dans les abri-froid, les équipes du CTIFL ont misé sur trois types de plantes. Les deux premières ont pour fonction d’assurer l’alimentation des adultes, avec d’une part les nectarifères pour l’aspect énergétique et d’autre part les pollinifères pour les protéines.
Ces deux types de plantes doivent être présents pour attirer les adultes, mais également permettre la ponte des œufs. La troisième famille de plantes concerne les plantes hôtes d’espèces de puceron, dont l’aubergine ne soit pas elle-même un hôte. « Pour que les adultes pondent, il faut de la nourriture pour les larves », évoque Sébastien Picault. L’achillée mille-feuille et la tanaisie représentent deux bons exemples de ces plantes de service. Elles sont dans le même temps plantes ressources et plantes hôtes. « Le 1er essai avait été un échec car l’asclépiade, qui devait être une plante banque, n’était pas infestée alors que les aubergines étaient ravagées. En réalité ce sont les aubergines qui ont protégé l’asclépiade en servant de plante hôte » analyse Sébastien Picault.
Cibler les bonnes périodes de floraison
Au-delà du choix épineux des plantes de service, les recherches du CTIFL de Carquefou ont également démontré l’importance de la date de floraison pour assurer la présence des auxiliaires au bon moment. « L’objectif est d’éviter le pic d’infestation des pucerons. Les auxiliaires doivent donc être présents avant ce pic », souligne le chercheur. Il estime que les plantes banques doivent être infestées de puceron 1 mois minimum avant l’arrivée des espèces de puceron ciblant l'aubergine. C’est pour s’assurer qu’une partie de ces plantes hôtes seront opérantes dans les périodes optimales que trois types de ces végétaux sont implantés dans les serres.
Les effets de l’azote
Au-delà des plantes de services, les pratiques de fertilisation pourraient par ailleurs impacter la régulation effectuée par les auxiliaires sur les aubergines sous abri. Dans le cas d’un apport d’azote important et d’un développement conséquent des plants en parallèle, Sébastien Picault évoque « des pucerons qui se nourrissent mieux, qui sont plus gros et qui sont donc plus difficiles à manger et à digérer que des petits ». De manière indirecte, l’azote pourrait ainsi influencer la capacité des ennemis naturels des pucerons à les réguler.
Une zone de protection qui s’étend
Durant les 7 années d’essais menés au sein du CTIFL de Carquefou, Sébastien Picault a vu dans un premier temps un effet dans les serres témoins. Puis les chiffres ont montré un déclin, bien que moins important, des infestations de puceron dans les serres témoins sans plante de service. « Les plantes de service pourraient avoir un effet sur les tunnels voisins », soulève le chercheur. Les chiffres de 2024 sur courgette sont particulièrement marquants. « Est-ce les effets des plantes de service ou une année peu propice aux infestations de puceron ? » s’interroge-t-il.