[Témoignage] des salariés témoignent de leur installation

Jeunes agriculteurs de l'Indre poursuit son travail pour sensibiliser les jeunes à l'installation. Le 20 mars, de récents installés sont venus témoigner de leur expérience de salarié qui a nourri leur projet.

Tous les chemins mènent à l'installation, et le salariat en est un parmi d'autres. Riche d'enseignements, il permet d'acquérir de l'expérience, de développer des compétences et de prendre du recul sur son projet. C'est autour de cette thématique qu'une table ronde a été organisée lors du Forum à l'installation, porté par les Jeunes Agriculteurs de l'Indre, le 20 mars dernier.

Sur la scène de l’auditorium du lycée agricole de Châteauroux, trois jeunes agriculteurs - Romain Bazin, Anthony Monsacré et Benjamin Rabier - ont partagé leur expérience salariée avant de s'installer. Face à eux, de nombreux étudiants de l’EPLEFPA Naturapolis, de la première au BTS, attentifs aux parcours de ceux qui, comme eux, ambitionnaient de devenir exploitants.

Anticiper son expérience salariée

Romain Bazin, installé en novembre 2024 à Parnac hors cadre familial, a débuté comme salarié au Service de Remplacement (SR), à peine son bac pro CGEA en poche.

« J’avais anticipé en m’inscrivant au SR comme disponible. J’ai pu travailler dans plusieurs exploitations du secteur de Parnac, en bovin comme en caprin, un milieu que j’ai découvert grâce au SR. Les missions et contrats étaient variés, mais pendant deux ans, j’ai acquis de l’expérience », raconte-t-il.

En mai 2024, il entame un stage de parrainage de six mois sur l’exploitation qu’il reprendra par la suite. « J’avais un salaire de 1 300-1 400 euros, plus les primes de précarité, et j’avais choisi de ne pas prendre de congés pendant deux ans, ce qui m’a permis d’épargner », poursuit-il. Ces économies lui ont permis d’acheter deux hectares : « C’est un début », glisse-t-il. Pauline Herbon, animatrice du Service de Remplacement de l’Indre, précise : « Désormais, nous mensualisons les congés non pris, ce qui facilite la gestion ».

Diversifier son expérience avant l'installation

Le salariat agricole n’est pas la seule voie, comme le prouve le parcours d’Anthony Monsacré, éleveur installé à Orsennes depuis 2018. Après un bac pro et un BTS en production animale, il intègre l’entreprise Satene à La Châtre en tant que commercial, quelques jours après son diplôme. « J’avais déjà pris contact avec l’entreprise avant la fin de mon BTS », précise-t-il.

Son poste évolue rapidement : il passe de vendeur de contention fixe pour bovins à dessinateur 3D. « L’entreprise m’a proposé de me former, et j’ai accepté car la conception m’intéressait ». Cette expérience lui a permis de visiter des milliers de fermes en France et en Europe, acquérant ainsi une connaissance précise des infrastructures d'élevage. Lorsqu’il s’installe avec son père, il sait exactement comment aménager ses bâtiments. « Je me sers de cette expérience tous les jours », confie-t-il.

"Avoir un engagement extérieur est essentiel pour ne pas s’isoler"

La double activité, une sécurité financière

Benjamin Rabier, installé en septembre 2019 à Vicq-sur-Nahon en grandes cultures, a choisi de conserver son emploi de technicien d’expérimentation agronomique chez Antedis, en parallèle de son exploitation. « Lors de mon parcours à l’installation, nous avions pris comme référence un prix du blé à 140 euros/tonne. Après calculs, il en ressortait un revenu de 300 euros par mois, insuffisant pour faire face aux imprévus. Gérer les deux activités m’assure une stabilité », explique-t-il.

Cette double activité exige une organisation rigoureuse, mais lui apporte une ouverture sur les nouvelles techniques et méthodes de travail. « Avoir un engagement extérieur est essentiel pour ne pas s’isoler. Même en intégrant une Cuma, les échanges avec d’autres agriculteurs permettent de prendre du recul et de partager ses difficultés », conseille-t-il aux jeunes.

Ne pas s’interdire d’expérimenter

Les trois jeunes agriculteurs s’accordent sur un point : l’importance de se constituer un réseau, d’expérimenter et d’anticiper son entrée dans la vie active. « Tant pis pour les vacances après le diplôme, l’expérience n’attend pas !  » conclut Romain Bazin.