Trophées de l’agroécologie : deux exemples de reconnexion au vivant

Dans la Vienne, le céréalier Dominique Gaborieau fait pâturer ses couverts d’ACS par les moutons voisins, jusqu’à supprimer le glyphosate (au cas par cas). Dans la Marne, le GIEE Civam de l’Oasis fait sortir des haies de la Champagne crayeuse et « industrieuse », à partir de graines d’essences locales.

Organisés par le ministère de l’Agriculture depuis 2012 et soutenus par le Crédit agricole depuis l’origine, les Trophées de l’agroécologie récompensent des initiatives individuelles et collectives, emblématiques du « produire autrement », une définition parmi d’autres de l’agroécologie. Cette année, les deux lauréats, dévoilés au salon de l’agriculture, donnent à voir comment la reconnexion du vivant, végétal et animal, est porteuse de synergies et d’aménités.

« Les moutons remplacent le glyphosate sur certaines parcelles »

Installé à Genouillé (Vienne), les parents de Dominique Gaborieau élevaient des bovins au centre du bourg, jusqu’à ce que les nuisances induites s’accordent mal avec la vie moderne. Quand Dominique reprend la ferme en 2004, les animaux ont disparu. Mais pas pour longtemps. « On les a réintroduits en permettant à des voisins éleveurs de faire pâturer leurs moutons sur les couverts végétaux », explique le céréalier. Aliments et paille contre engrais organiques et désherbage : un échange de bons procédés, qui permet en prime d’abaisser la pression phytosanitaire. « Je n’achète plus de potasse et de phosphore et cette année, j’ai semé mes pois de printemps derrière le pâturage, sans passage de glyphosate, c’était nickel ».

Dominique Gaborieau, céréalier à Genouillé dans la Vienne, Prix de l’innovation (Crédit photo : R. Lecocq)
Dominique Gaborieau, céréalier à Genouillé dans la Vienne, Prix de l’innovation (Crédit photo : R. Lecocq)

« En Champagne crayeuse, ça met plus de temps, mais ça pousse, les haies »

Dans la Marne, l’association Civam de l’Oasis est à l’origine d’un GIEE, regroupant 15 exploitations, ayant pour objectif de réduire l’usage des intrants. Les agriculteurs misent notamment sur la faune auxiliaire, à laquelle ils offrent le gîte et le couvert, en implantant des haies et des bandes enherbées. L’originalité de la démarche réside dans la quête d’essences locales, les plus à-mêmes de recoloniser les bords de champs. « Nous sommes partie prenante dans la collecte de graines dans la Région Grand Est, que nous mettons ensuite à la disposition de pépiniéristes, explique Marion Mounayar animatrice coordinatrice de l’association et du GIEE Civam de l’Oasis. En Champagne crayeuse, le sol n’est pas idéal pour faire pousser des grands arbres, ça met plus de temps, mais ça pousse, les haies ». L’association met à disposition des outils d’aide à la décision pour le choix des essences. Et commence à se pencher sur les techniques d’entretien des haies. Preuve que ça pousse.

Marion Mounayar, animatrice coordinatrice de l’association et du GIEE Civam de l’Oasis, Grand prix de la démarche collective (Crédit photo : R. Lecocq)
Marion Mounayar, animatrice coordinatrice de l’association et du GIEE Civam de l’Oasis, Grand prix de la démarche collective (Crédit photo : R. Lecocq)