Troupeau d'élite chez les Laurent : génétique et rigueur payantes

À Buxières-d’Aillac, la famille Laurent mise sur la génétique et la gestion rigoureuse de son troupeau charolais pour produire des animaux lourds et performants. Une approche réfléchie qui porte ses fruits.

Depuis 1987, l’exploitation de la famille Laurent, installée à Buxières-d’Aillac, se distingue par un troupeau inscrit en charolais. Il y a également quelques limousines bien conformées qui ont intégré le troupeau à l'installation de Sylvain en 2018. Lors de l'assemblée générale de Bovins Croissance en mars dernier, Sylvain et Sylvie Laurent ont présenté leur stratégie d'élevage.

Une gestion optimisée des fourrages

L’exploitation repose sur une gestion précise des surfaces agricoles. La majeure partie des 280 hectares de la SAU située à proximité du siège de l'exploitation est dédiée à la production fourragère, tandis que les cultures céréalières sont concentrées sur un site secondaire à Bouesse (98 ha). « Les cultures menées sur le siège de l’exploitation complètent les surfaces en herbe et permettent le renouvellement des prairies  », précise Claude Vincent, conseiller bovin viande à la chambre d’agriculture de l’Indre.

Avec 239 hectares de prairies pour 214,5 UGB, le système reste peu chargé (0,9 UGB/ha), mais l’objectif est d’atteindre 1,1 à 1,2 UGB par hectare grâce à une augmentation du nombre de vêlages. « Il est vrai que nous avons eu l’opportunité d’accroître nos surfaces plus rapidement que notre cheptel », reconnaissent les éleveurs.

Une alimentation pensée pour la performance

Les parcelles de fauche sont conduites intensivement afin de maximiser les stocks hivernaux, via de l’enrubannage, de l’ensilage et des fauches précoces. « Nous récoltons 8,5 hectares de légumineuses (luzerne et trèfle), ainsi que 18 hectares de ray-grass hybride, coupés trois fois par an pour stocker de la matière azotée. Les fourrages composent 95 % de notre ration de base », détaille Sylvie Laurent.

L’alimentation du troupeau est strictement encadrée : les vaches reçoivent une ration équilibrée d’ensilage d’herbe (8,5 kg de MS), de foin (6 kg de MS) et de céréales (2 kg), sans correcteur azoté. Le même régime est appliqué aux vaches de réforme qui reçoivent en plus de triticale (8 kg) et du tourteau (40 % de MAT).

Les veaux, quant à eux, sont complémentés dès 2 à 3 mois avec du foin, du triticale et du tourteau riche en MAT, « soit un aliment fibreux à 16-17 % de MAT », indique le conseiller bovin viande. Pour cela, les veaux sont rassemblés dans une case spécifique à proximité des mères et les rejoignent en fin d’après-midi avant d’être reséparés en matinée. « On fait une reconcentration progressive de la ration jusqu’à la mise à l’herbe. À ce stade, seuls les mâles sont complémentés », précise Sylvain Laurent.

Objectif : des animaux lourds

L’exploitation se distingue par une volonté affirmée de produire des animaux lourds et performants. Sur la campagne 2023-2024, les chiffres parlent d’eux-mêmes :

- Broutards : 33 animaux vendus à 435 kg vif en moyenne à 10,2 mois.

- Laitonnes : 9 bêtes à 370 kg de poids vif.

- Jeunes bovins : 12 têtes de 16,4 mois pour 484,7 kg carcasse.

- Génisses de deux ans : 5 vendues à 33,2 mois pour 463,5 kg carcasse.

- Vaches de réforme : 33 vendues à 6,8 ans pour 528,8 kg carcasse.

- Reproducteurs : 7 animaux vendus.

« Une telle production de viande à l’UGB est possible grâce à des animaux lourds, sélectionnés pour cela, et une bonne maîtrise de la reproduction, avec un suivi par échographie et une gestion rigoureuse des animaux improductifs », souligne Claude Vincent. La sélection génétique repose sur l’insémination artificielle (IA) avec des taureaux inscrits HBC et génotypés, complétée par la monte naturelle.

Les Laurent privilégient les qualités maternelles et le potentiel de croissance des ascendants. « 80 % des veaux charolais sont issus d’IA avec des paillettes de taureaux diffusées par Charolais Univers. En complément de l’IA, nous avons recours à la monte naturelle, avec les mêmes critères de sélection  », précisent-ils.

Des perspectives d’évolution

Avec une hausse du nombre de vêlages, les éleveurs espèrent améliorer leur chargement et, par conséquent, leur marge brute bovine. « Il y a des pistes à explorer, comme la finition des mâles en jeunes bovins, qui peut être intéressante dans un système polycultures élevage avec un troupeau à haut potentiel génétique », conclut Claude Vincent. Un travail rigoureux qui témoigne d’une ambition claire : optimiser chaque maillon de l’élevage pour en tirer le meilleur parti.