Un projet d’abattage mobile dans l’Aude

Porté par des éleveurs de petits ruminants, le projet repose sur la mise en œuvre de caissons mobiles adossés à une unité d’abattage mobile, stationnant sur trois ou quatre communes partenaires. L’initiative est encouragée par le Département mais doit encore franchir plusieurs caps réglementaires et financiers.

Le projet est porté depuis environ deux ans par le Maison paysanne de l’Aude à Limoux, une société coopérative d’intérêt collectif fédérant plusieurs organisations (*), dont la Confédération paysanne. Baptisé Abat’Mobile, le projet a connu un coup d’accélérateur en septembre dernier, avec l’octroi d’une subvention de 82 900 euros par le Département de l’Aude.

« Notre projet est l’un des 31 lauréats du budget participatif soumis au vote des habitants, explique Olivier Lozat, animateur de la Confédération paysanne de l’Aude. C’est du reste le projet qui a obtenu le plus de voix ». Une caution populaire qui ne fait que renforcer la motivation de la trentaine d’éleveurs investie dans le projet.

« L’objectif, c’est de rapatrier dans le département de l’Aude des abattages qui sont aujourd’hui réalisés dans les départements limitrophes, poursuit l’animateur. Outre la relocalisation de l’activité, le but est d’améliorer le bien-être animal et de se réapproprier la fin de vie des animaux ». Selon la Confédération paysanne, le projet ne porterait pas de tort à l’abattoir de proximité de Quillan (Aude), à l’équilibre pourtant fragile mais qui travaille à la marge les petits ruminants.

Olivier Lozat, animateur de la Confédération paysanne de l’Aude
Olivier Lozat, animateur de la Confédération paysanne de l’Aude

Des caissons et une unité mobile

Le projet repose sur des caissons mobiles mis à disposition des éleveurs. Doté d’un bac récupérateur, le caisson sert le transport des animaux préalablement abattus à la ferme au moyen d’un matador, excluant de fait l’abattage rituel. Les animaux sont ensuite transportés vers une unité mobile assurant la mise en carcasse, mais aussi l’abattage pour les éleveurs ne souhaitant pas recourir au caisson mobile et la mise en carcasse.

L’unité mobile d’abattage prendrait place au sein d’une infrastructure municipale apte à fournir l’eau et l’électricité et à retraiter les eaux. Une chambre frigorifique est également requise pour entreposer les déchets avant le passage de l’équarisseur. Les carcasses repartent en camion frigo en direction des ateliers de découpe. La plupart des éleveurs impliqués dans le projet valorisent leurs produits en vente directe.

Deux étapes cruciales

Si la chaine logistique est balisée, le projet doit encore franchir des étapes cruciales, notamment au plan réglementaire, s’agissant par exemple des inspections ante-mortem. Une autre point réglementaire concerne la durée séparant l’abattage à la ferme et l’arrivée des animaux morts dans l’unité mobile assurant le dépeçage et la mise en carcasse, la Confédération paysanne plaidant pour un laps de temps de deux heures maximum.

Plus de deux ans après la promulgation de la loi EGAlim, qui a instauré la possibilité d’expérimenter l’abattage mobile, les éleveurs espèrent être entendus rapidement sur ces deux points conditionnant fortement la mise en œuvre du projet.

Il reste par ailleurs à convaincre trois ou quatre communes audoises, ou communautés de communes, de mettre à disposition une infrastructure apte à recevoir l’unité mobile d’abattage. « Les courriers sont en partance et on est plutôt optimiste », conclut Olivier Lozat.

(*) Accueil Paysan, Adear 11, Afocg 11, Confédération paysanne, Graine de paysans, Nature et Progrès, Solidarité Paysans, Terre de liens