Une véritable valorisation des effluents d’élevage

Les élevages produisent quantités d’effluents qui, parfois, ne sont pas valorisés à pleine hauteur de leur potentiel. La méthanisation revêt une véritable solution pour les exploitants et génère des revenus complémentaires. À la clef, pour les aider dans leurs projets, plusieurs partenaires.

Le domaine des Petites Murailles est situé sur la commune de l’Ételon, à l’ouest du département de l’Allier. C’est à cet endroit que Jérémy Fremont a souhaité s’installer en 2001 avec son beau-frère, Noël Baudon, sous la forme d’un Gaec. Une exploitation disposant d’une SAU de 400 hectares. Surface sur laquelle ils élèvent 140 vaches de race limousine qu’ils engraissent en vue d’une commercialisation par le biais d’une coopérative.

Une association entre éleveurs

Avec l’appui de deux autres associés, Nicolas, le frère de Jérémy et Yann Baronnet, le cousin, disposant, eux aussi, d’exploitations bovines à proximité, ils forment, en 2015, une SARL et développent un atelier d’engraissement qu’ils décident d’arrêter en 2019 pour raison économique. Des alternatives doivent alors être mises en place pour assurer la pérennité des différentes exploitations.

Des gisements potentiels

L’idée, ils vont la trouver : « Nos élevages générant beaucoup de fumier et disposant déjà d’une structure juridique qu’est la SARL, nous avons décidé d’étudier la possibilité de nous diriger vers la méthanisation » explique Jérémy Fremont.

Le projet en tête, ils choisissent de mettre sur pied un méthanisation en cogénération. Après une première consultation de leur banquier, ce dernier leur conseille plutôt la technologie par injection dans un réseau de gaz déjà existant à proximité : celui de vallon-en-Sully.

Fort de ce choix stratégique, les associés prennent contact avec un constructeur, la société Agrikomp, basée à Blois, qui leur proposent un système simple d’introduction directe de la matière, limitant ainsi la consommation d’énergie.

Un projet proportionné

Le coût estimé s’élève alors à six millions d’euros. « Nous n’avions pas sous estimé le projet afin de ne pas dépasser le budget prévisionnel. Malheureusement, après consultation de plusieurs banques, aucune n’a souhaité prendre le risque de nous prêter l’argent nécessaire » se désole Jérémy.

Des financements et des aides possibles

Un échec au premier abord mais c’était sans compter sur la détermination de toute une famille qui décide de prendre la direction de Villeurbanne, proche de Lyon, à la rencontre du maître d’ouvrage, Scara : « Grâce à cette société, nous avons obtenu l’aide administrative nécessaire. Elle nous a permis également d’obtenir une subvention de la part de la région Auvergne-Rhône-Alpes de 700 000 € ainsi que de l’Ademe à hauteur de 196 000 €. À cela s’ajoute une avance remboursable progressivement en sept ans et sans intérêt de 200 000 € de la part du Syndicat Départemental d’Énergie de l’Allier » se félicite Jérémy. Malgré ces différents dispositifs, les banques décident de ne pas suivre les associés.

L’appui d’un investisseur privé

La clef du financement, ils la trouveront auprès d’un investisseur privé qui a cru en leur projet et, de fait, puisqu’il s’agissait de la société Scara : « Cette solution n’a pas été prise de gaieté de cœur car nous n’étions plus maîtres de 49% du capital social mais c’est un moindre mal car nous avons pu avoir accès à une structure d’accompagnement financier et à une banque, le Crédit Mutuel de Villeurbanne Charpennes à hauteur d’un million et demi d’euros » précise Jérémy.

Des démarches administratives et des recherches de financements qui retarderont le projet d’un an.

La prise en charge des études de raccordement

Les travaux commencent en octobre 2020, avec l’appui de GRDF comme le détaille Jérémy : « GRDF a réalisé l’étude pour le raccordement de 15 km et a pris en charge 40 % du coût ».

La construction de l’unité de méthanisation, terminée au 1er décembre 2021, elle produit désormais près de 200 m3 de gaz par heure pour un contrat prévu à 155 m3 par heure. Une réussite dont se félicite Jérémy : « Les volumes supplémentaires sont rémunérés à hauteur du prix du marché. Notre unité, qui est parfaitement dimensionnée à notre gisement potentiel a permis l’embauche d’un second salarié ».

Promouvoir l’activité

Jérémy et ses associés sont désormais devenus de véritables ambassadeurs de la méthanisation. Ils apportent régulièrement leurs témoignages à travers l’association « MéthAllier » regroupant huit structures disposant de méthaniseurs dans le département de l’Allier : « Nous nous rencontrons régulièrement afin d’échanger sur nos expériences, sur nos problématiques. Si nous ne sommes pas des conseillers à proprement parlé, nous nous assurons la promotion de la méthanisation auprès des décideurs politiques et des agriculteurs qui souhaiteraient se lancer dans cette activité ».