Baisse des revenus agricoles : un constat alarmant

La baisse du revenu des agriculteurs en 2019, annoncée par la publication des Comptes de l’agriculture le 10 janvier, a fait réagir les organisations professionnelles, qui y voient une conséquence de choix politiques.

Les chiffres prévisionnels des revenus des agriculteurs pour l'année 2019, publiés le 10 janvier 2020, montrent, « après la reprise timide du secteur sur les deux dernières années, des résultats alarmants sur la plupart des productions », a réagi la FNSEA dans un communiqué le même jour. Le résultat brut de la branche agricole par actif non salarié serait en effet en retrait de 6,6% en 2019. Après des résultats en hausse en 2018, les chiffres 2019 « démontrent que la reprise n'aura été que de courte durée après les années de crise exceptionnelle de 2015 et 2016 », poursuit le syndicat majoritaire.

Pour la FNSEA, il est « urgent que le gouvernement français opère des choix stratégiques, tant sur le plan réglementaire qu'en matière d'accompagnement de l'investissement pour améliorer à la fois le revenu des producteurs et leur capacité à répondre aux demandes des consommateurs ».

Le repli annoncé pour 2019 est « imputable principalement aux difficultés du secteur viticole qui doit faire face à une baisse historique de la vendange 2019 », durement touchée par les accidents climatiques, analyse l'Assemblée permanente des Chambres d'agriculture (APCA). Selon les données de Comptes de l'agriculture, la production de vin en 2019 serait en repli de 13,7% en valeur et en volume, inversant le fort rebond de 2018 de 28,7%. Globalement, l'ensemble des productions végétales ont été touchées, à la fois par les affres de la météo et par les baisses des prix, notamment en céréales, pour lesquels les prix auraient baissé de 11,4%.

Du côté des productions animales, on note une embellie pour la production porcine, « mais celle-ci est due à des problèmes sanitaires en Chine dont les importations offrent des débouchés extrêmement précaires à la production française », regrette la Confédération paysanne dans un communiqué. Quant au lait, « les prix renouent avec la hausse mais on ne peut pas dire encore s'il s'agit là d'un effet de l'application de la Loi Egalim », poursuit l'APCA.

Pour la Confédération paysanne, les résultats de ces Comptes de l'agriculture montrent que « tant que les politiques agricoles, françaises et européennes, n'auront pas été modifiées en profondeur, l'agriculture poursuivra sa dérive actuelle : faiblesse des revenus, chute du nombre de paysan.ne.s, baisse de la production ». Et d'appeler à la « transition vers une agriculture paysanne, qui seule répondra aux défis sociétaux (alimentation de qualité, environnement, climat, emploi) ».

De son côté, l'APCA rappelle que dans le contexte actuel d'incertitudes et de mutation des pratiques agricoles, « l'amélioration du revenu des exploitations doit rester la priorité ». « Sans ressources financières adéquates, c'est la capacité des agriculteurs à poursuivre leurs transitions et à faire face aux défis d'aujourd'hui et de demain qui est mise en péril. Les Chambres continueront à oeuvrer pour un renforcement de ces moyens, et à accompagner les agriculteurs dans ces transitions ambitieuses », conclut l'APCA.