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Accord UE - USA : le brouillard tarifaire
[Edito] À quelques jours de l'entrée en vigueur de nouveaux droits de douane américains, la filière viticole française retient son souffle, dans l'attente de précisions sur les modalités exactes de l'accord conclu entre l’Union européenne et les Etats-Unis et sur d'éventuelles exemptions qui pourraient être obtenues in extremis.
Cinq jours après l'annonce de l’accord obtenu entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président américain Donald Trump, de nombreuses zones d'ombre persistent quant à ses modalités d'application. Après avoir été menacée d’une surtaxe douanière de 30% à partir du 1er août, l’UE écope finalement d’un plafond à 15% sur la quasi-totalité de ses exportations, sans réciprocité. Un compromis déséquilibré, mais qui évite une guerre commerciale d’ampleur avec les Etats-Unis, premier partenaire commercial de l’UE et destinataire d’un cinquième de ses exportations.
« L'accord conclu aujourd'hui apporte de la certitude en période d'incertitude », s’est félicitée la présidente de la Commission européenne. Mais certaines certitudes manquent encore à l’appel. Si des exemptions de droits de douane ont déjà été confirmées pour le secteur de l'aéronautique et certains dispositifs médicaux, rien n'est encore acté pour la filière viticole. A ce stade, l'Union européenne n'a pas obtenu d'exception pour les vins, champagnes et spiritueux, un secteur particulièrement sensible pour des pays comme la France et l'Italie.
La France pousse pour une exemption
Lors d'une réunion organisée à Bercy avec les filières économiques concernées, le ministre délégué chargé du commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a indiqué que la France poussait « de façon très claire » pour une exemption du secteur des vins et spiritueux, en plus de celle déjà obtenue pour l'aéronautique.
De son côté, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a évoqué la possibilité d'un accord « 0 pour 0 » pour les spiritueux, mais a reconnu l'absence de visibilité concernant les vins : « Je suis réduite à un niveau d'information qui n'est pas loin du vôtre », a-t-elle admis face aux journalistes.
La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) estimait lundi que « la catastrophe était évitée » avec cet accord qui empêche l'application de droits à 30%, mais l'incertitude demeure quant à l'impact réel des 15% sur la compétitivité des vins français sur le marché américain. Avec 2,36 milliards d’euros, le marché américain représente le premier débouché en valeur pour la filière viticole française. Au total, les Etats-Unis représentent environ 6% du chiffre d’affaires export de l’agroalimentaire de la France.*
Les négociations se poursuivent
Interrogée sur la possibilité que l'État vienne en aide aux secteurs particulièrement impactés par les nouveaux droits de douane, Annie Genevard a temporisé, répondant « qu'avant de parler d'aide, il faut déjà parler des termes de cet accord, qui n'est pas encore signé ».
L’accord doit en effet désormais être formalisé, puis ratifié avec les 27 pays de l’UE, ce qui ouvre le champ à d’âpres négociations. Entre les réticences de certains États membres et l’imprévisibilité du président américain, les négociations à venir pourraient bien redessiner les contours d'un texte encore flou dans ses modalités d'application.