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Œufs et souveraineté : 300 nouveaux poulaillers d’ici à 2030
La filière entend accompagner la croissance de la consommation intérieure, tout juste autosuffisante, sans rien abandonner des transitions en matière de bien-être animal notamment, qui tire le marché de l’œuf.
En 2023, chaque Français a consommé en moyenne l’équivalent de 224 œufs, dont 45% à domicile, 41% sous forme d’ovoproduits et 12% hors domicile. C’est 24 de plus qu’il y a dix ans (2013) et il s’agit d’un record, selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO).
Cette appétence des consommateurs français pour les œufs titille notre souveraineté en la matière. Le taux d’auto-approvisionnement en œufs et ovoproduits, qui était positif en 2019 (108%) et 2020 (110%), est passé en négatif au cours des trois derniers exercices, passant de 99% en 2021 à 97% en 2022, notamment sous l’effet des épidémies successives d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP).
En 2023, le taux d’auto-approvisionnement est remonté à 99,1%, grâce à la hausse de la production de 4% (14,9 milliards d’œufs, soit 930.000 tonnes), plus forte que la hausse de consommation (+3%). La France a du reste retrouvé en 2023 son statut de premier producteur de l’UE (14,6% de la zone), devant l’Espagne et l’Allemagne. Et, selon les projections de l’ITAVI pour 2024, la production d’œufs en France devrait rester stable en 2024 par rapport à 2023, à +0,1 %. Quant à la consommation, rien ne dit qu’elle a atteint un plafond. Selon le CNPO, l’œuf est la source de protéines la moins chère du marché alimentaire et considéré à ce titre comme un produit anti-crise par plus de 7 Français sur 10, sans compter ses autres propriétés nutritionnelles (vitamines des groupes B, A, E et D, fer).
300 poulaillers, 300 millions d’euros
Pour garantir la souveraineté alimentaire en œufs et ovoproduits, la filière vient de se doter d’une nouvelle stratégie collective baptisée Plan de filière 2030. Ce dernier se fixe pour objectif de faire émerger 300 nouveaux poulaillers d’ici à 2030, équivalant à un investissement de 300 millions d’euros, en évitant les zones où sont présentes des couvoirs, dont les épidémies d’IAHP ont montré la vulnérabilité, et en améliorant le maillage. Un défi financier mais aussi sociétal pour le CNPO, qui estime nécessaire de travailler sur l’attractivité du métier d’une part et sur l’acceptabilité des élevages d’autre part. Sur ce dernier point, l’interprofession attend beaucoup des pouvoirs publics, en termes de simplification administrative, de soutien à la transition et à la promotion du label Œufs de France ou encore de défense de l’élevage « face aux attaques et intimidations de certains détracteurs extrémistes ».
Plus de 8 œufs alternatifs sur 10
Outre le volet production, le Plan de filière 2030 renferme également des objectifs relatifs aux transitions, dont la décarbonation, en misant sur l’atténuation, notamment du poste alimentation qui représente 73 % du bilan carbone de l’œuf, via la réalisation de diagnostics CAP2ER ouvrant la voie aux crédit carbone, et sur la production d’énergies renouvelables.
Avec l’amélioration de la biodiversité (arbres et haies sur les parcours) et la valorisation des coproduits (fientes, coquilles), les actions en faveur du bien-être animal figurent en bonne place du Plan, qui fixe un objectif de 90% des poules pondeuses élevées dans des systèmes alternatifs (sol, plein air et agriculture biologique à horizon 2030, contre 73% à fin 2023 (40% dans l’UE). Il faut dire qu’en 2023, les œufs alternatifs représentaient près de 8 œufs achetés sur 10 en magasins (78,6%), contre 74,3% en 2022. Et si les achats des ménages ont progressé de 3% toutes catégories d’œufs confondus, ceux d’œufs de poules élevées au sol ont progressé de 22,4% et ceux de plein air (hors label Rouge) de 13,2%. Les achats en magasins représentent 45% du marché des œufs et ovoproduits.