Antoine Brimboeuf, l'homme qui murmurait à l'oreille de Border Collie pour guider les troupeaux

Dans l’arène du Sommet de l’élevage, le silence s’installe. Au centre, un petit lot d’oies avance, tourne, s’immobilise. À distance, Jess, le Border Collie reste figé, concentré, l’œil rivé sur le mouvement du troupeau. D’un coup de sifflet ou d’un mot, Antoine Brimboeuf, son maître, oriente la marche. Les oiseaux obéissent, contournent les visiteurs rassemblés dans l’arène, puis reprennent la direction fixée.

Un chien concentré, un geste précis : la conduite au poil 

Le chien ne regarde ni le public ni les caméras. Il travaille. Totalement absorbé par les oies qu’il conduit, il adapte sa distance, contourne, se replace, sans jamais perdre le fil. « Ce qu’on voit là, c’est tout le travail d’un chien de conduite », commente Antoine Brimboeuf, formateur en zootechnie à la Bergerie nationale de Rambouillet et éleveur dans l’Indre. "Il peut guider les animaux, mais il sait aussi fermer la marche. Dans un troupeau, les bêtes suivent toujours leur éleveur devant. Le chien, lui, s’assure que personne ne traîne derrière."
"Tourne, stop", Antoine Brimboeuf commande le chien qui s'exécute dans la seconde. Mais, Jess réagit aussi au sifflement de son maître. "On lui apprend d'abord les ordres parlés puis le sifflement, ce sont deux langages indispensables. En montagne, c'est un vrai avantage, on peut donner les ordres à distance, même quand le vent porte mal. » Dans l’arène, les oies terminent leur boucle, se rassemblent calmement. Fait surprenant, elles ne crachent pas en présence de Jess mais elles ne se gêneront pas une fois dans leur enclos pour menacer les spectateurs curieux ! 

Le chien de conduite, indispensable pour conduire le troupeau

Sur le terrain, Antoine Brimboeuf parle avec l’expérience de celui qui vit au rythme des bêtes. "Mon rôle, c’est d’accompagner les éleveurs — vaches, brebis ou chèvres — pour qu’ils puissent intégrer un chien de conduite sur leur exploitation", explique-t-il. En tant que moniteur agréé par l’Institut de l’élevage (IDEL), il forme chaque année des dizaines d’agriculteurs à l’utilisation du chien de troupeau. L’intérêt est évident : un chien bien formé rend le travail plus fluide, réduit le stress des animaux et améliore la sécurité autant celle de l'éleveur que du troupeau. Le choix du Border Collie s’impose naturellement. "C’est un chien sélectionné depuis des générations sur ses aptitudes bergères. Dans 90 à 95 % des cas, ça fonctionne", souligne-t-il.

Avec le sourire, Antoine résume souvent son message ainsi : "Le Border Collie, c’est le chien de troupeau pour les nuls. Et je me mets dedans !" Une formule qui fait rire, mais qui résume bien la réalité. "On n’est pas tous dresseurs ou cynophiles. Mais avec un Border, on a vite des résultats. Il est attentif, réactif et il apprend vite."

Des formations adaptées à tous les niveaux

Avec le réseau IDEL, Antoine Brimboeuf anime trois types de formations, réparties sur plusieurs mois. "L’initiation s’adresse à des chiens jeunes, entre quatre et six mois. Quatre journées, étalées sur l’année, pour poser les bases. Ensuite, on a un cycle de perfectionnement, puis un autre plus poussé sur la compréhension du troupeau." Mais rien n’est jamais perdu, même avec un chien plus âgé. "On peut reprendre un cycle d’initiation avec un chien d’un an ou plus. Ce n’est pas l’âge qui bloque, c’est surtout la méthode et l’encadrement."

Des chiens de conduite ou de protection ? 

Au fil des démonstrations, Antoine Brimboeuf prend le temps de rappeler une distinction essentielle : "Il y a les chiens de conduite, comme le Border Collie, qui déplacent et rassemblent les animaux, et les chiens de protection, de type molossoïde, grands, comme les Patous, qui vivent dans le troupeau. Les deux ont des aptitudes naturelles totalement différentes. Il ne faut pas les confondre.".