Bien-être animal : les lignes directrices de l'Anses

Alors que l’UE doit prochainement légiférer, l’agence sanitaire estime que le protocole d’évaluation ne se résume pas à la caractérisation du mode d’élevage mais qu’il doit privilégier les indicateurs mesurés sur les animaux, incluant les phases de sélection et de multiplication et aboutissant à une classification à cinq niveaux.

Dans le cadre de la stratégie Farm to fork, l’UE s’est engagée à étiqueter les produits animaux destinés à la consommation, à des fins d’harmonisation et de transparence, le tout sur d’intérêt croissant de nos concitoyens le sujet du bien-être animal (BEA).

En dehors des poules pondeuses, il n’existe pas d’étiquetage européen unifié sur le BEA. Mais on ne recense pas moins de 51 allégations sur le BEA, dont une en France, sous la houlette de l'Association étiquette bien-être animal (AEBEA). Elle concerne les poulets de chair et la viande porcine et ses référentiels incluent l’intégralité du cycle de vie, y compris les parentaux.

Les 5 lignes directrices de l’Anses

Dans le cadre d’une auto-saisine, l’Anses a publié le 2 mai une expertise collective destinée à formaliser les bases scientifiques sur lesquelles devrait reposer un référentiel d’étiquetage et son protocole d’évaluation du BEA. Son expertise, destinée aux scientifiques et parties prenantes, comprend 5 lignes directrices :

- l’évaluation du bien-être des animaux ne doit pas s’arrêter aux animaux producteurs de denrées alimentaires mais doit inclure également les élevages de sélection-multiplication

- l’évaluation du bien-être des animaux doit être conduite pour chacune des trois étapes de vie des animaux, à savoir l’élevage, transport et abattage, qu’ils appartiennent à l’étage de production ou à l’étage de sélection-multiplication

- le protocole d’évaluation du BEA ne se résumant pas à la caractérisation du mode d’élevage, l’expertise recommande que les indicateurs à évaluer portent en priorité sur l’état de bien-être de l’animal, c’est-à-dire sur la base de mesures réalisées sur l’animal lui-même, intégrant l’évaluation des états affectifs positifs et négatifs

 

- corrélativement, l’indication du seul mode d’élevage sur une étiquette ne peut être assimilée à un étiquetage du BEA. Bien que le mode d’élevage puisse correspondre à un potentiel de BEA, il doit être validé par les indicateurs de BEA fondés sur les animaux

- le référentiel d’étiquetage du BEA doit être accompagné d’un niveau suffisant de transparence et d’accessibilité́, en particulier pour en permettre la vérification. Ceci concerne à la fois la description du périmètre et des paramètres retenus, et les choix faits dans la construction du référentiel.

Les 8 facteurs de risque d’atteinte au BEA aux trois étapes de vie d’un animal (Source : Anses)
Les 8 facteurs de risque d’atteinte au BEA aux trois étapes de vie d’un animal (Source : Anses)

Une classification à 5 niveaux

L’Anses préconise d’adopter un système à 5 niveaux de bien être, allant du meilleur (A) au plus faible (E). Le niveau E correspond au seul respect des exigences imposées par la législation européenne en matière de bien-être animal, que ce soit pour la vie en élevage, le transport ou l’abattage. Dans le cas où aucune information sur les ascendants ne serait disponible, les experts estiment que les produits ne devraient pas obtenir un classement supérieur au niveau C.

Cette classification, facilement compréhensible pour le consommateur, devrait par ailleurs aider les producteurs à améliorer progressivement la prise en compte du bien-être des animaux, estime l’agence sanitaire. Au cas où l’étiquetage resterait d’application volontaire, l’UE n’ayant pas encore tranché, l’étiquetage pourrait comprendre 4 niveaux. « Si l’UE opte pour un étiquetage volontaire, celui-ci ne devra pas induire le consommateur en erreur et devra lui permettre de discriminer les produits conventionnels de ceux garantissant un niveau plus élevé de respect de BEA », recommande l’Anses.

Au vu des enjeux éthiques et de la demande croissante de la société pour une meilleure prise en compte du bien-être des animaux, les experts soulignent que le coût lié à l’amélioration du bien-être des animaux et à son évaluation devrait être pris en charge par l’ensemble des acteurs concernés.