Bilan météo : un printemps particulièrement froid et sec

Saison traditionnellement propice aux grands écarts, le printemps météorologique, qui s’achèvera le 31 mai, aura été cette année largement dominé par la fraîcheur. Malgré les précipitations du mois de mai, le déficit hydrique reste marqué. Les premiers jours de juin devraient voir le retour de la chaleur.

Il ne reste plus qu’une semaine à ce printemps météorologique, débuté le 1er mars, et qui s’achèvera le 31 mai à minuit. Si la saison est traditionnellement propice aux grands écarts, avec les premiers coups de chaud parfois marqués et les derniers frimas, cette année la tendance dominante aura largement été la fraîcheur. « Sur les trois mois, nous devrions enregistrer un déficit d’environ -0,8°C, ce qui en fait le printemps le plus frais depuis 2013, lui-même le plus frais depuis 1987 », indique Jérôme Cerisier, météorologiste chez DTN.

De nombreuses régions ont connu un nombre de jours de gel record à cette période de l’année, notamment en avril avec jusqu’à 20 jours dans le nord-est du territoire.

En mai, le mercure se sera montré bien paresseux avec un déficit proche de -2°C, généralisé à tout le pays et atteignant même -3°C à Strasbourg ou Besançon. Quelques gelées parfois significatives ont été observées en tout début de mois (et même un record mensuel de froid à Charleville-Mézières avec -4,3°C le 3 mai), mais elles sont logiquement devenues de plus en plus rares avec le retour du temps perturbé et l’avancée dans la saison.

L’ensoleillement a été faiblard, mais pas non plus catastrophique grâce aux régimes de giboulées qui ont amené quelques éclaircies. Il devrait se situer environ -25% en-dessous de la normale. « Un autre élément marquant du mois aura été le vent, souvent bien présent avec ces conditions dépressionnaires, il a même soufflé de façon tempétueuse à deux reprises de la Normandie aux Hauts-de-France, avec des rafales atteignant les 130 km/h sur le Boulonnais ou le Cotentin, battant des records mensuels », précise le météorologiste.

Des perturbations très contrastées

Côté précipitations, ce printemps météorologique a été nettement plus contrasté. « Les mois de mars et d’avril ont été particulièrement secs, influencés par des hautes pressions au voisinage des îles britanniques et de la bise, détaille Jérôme Cerisier. En revanche, changement radical pour ce mois de mai, qui a vu l’anticyclone des Açores venir se caler… aux Açores, et le rail dépressionnaire perturbé se mettre en place au voisinage de la France comme aux plus beaux jours de l’automne, quand ce n’étaient pas des gouttes froides (petites dépressions se détachant du rail perturbé, associées à de l’air très froid en altitude et provoquant des conditions très chaotiques) ».

Ainsi, sur les trois premières semaines du mois de mai, on a déjà observé bien plus de précipitations qu’en temps normal sur quasiment toute la France, seules les régions allant des Pyrénées au Languedoc faisant exception. « A l’échelle du pays, l’excédent atteint +20% sur le mois et devrait encore progresser un peu ces prochains jours, poursuit le météorologiste. C’est dans le centre-est, concerné par deux épisodes pluvieux majeurs, que les lames d’eau sont les plus élevées avec par exemple plus de 180 mm à Lyon, soit deux fois la normale ».  

Un printemps sec malgré un mois de mai arrosé

Ce temps maussade a permis de diminuer la sécheresse agricole (de surface) qui était en train de s’installer depuis plusieurs semaines. Tandis que mars avait affiché un déficit pluviométrique de -53% et avril de -47% (avec par endroits moins de 20 mm sur les deux mois, comme en Touraine), le mois de mai a remis les pendules à l’heure et rendu les sols très correctement humides pour cette période de l’année. C’est d’autant plus vrai qu’il n’y a presque pas eu de fortes chaleurs accentuant l’évapotranspiration. Au final, sur les trois derniers mois, « le déficit devrait être de l’ordre de -20 à -25% à l’échelle du pays », indique Jérôme Cerisier. 

La perspective pour la dernière semaine du mois et les tout premiers jours de juin va vers un changement progressif de conditions météo, notamment sur les régions méridionales. « Jusqu’à jeudi toutefois, nous resterons en-dessous des moyennes de saison avec de fréquentes pluies ou averses sur la moitié nord mardi et mercredi. Ensuite, les éclaircies devraient gagner du terrain pour le dernier week-end du mois et une certaine chaleur pourrait même faire son retour au sud d’une ligne Bordeaux – Lyon », conclut le météorologiste. Il est trop tôt pour dire si cette chaleur s'installera ou ne sera que passagère.