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Biosécurité du porc de plein air : la Confédération paysanne sur le qui-vive
Le syndicat estime que les normes imposées par la France, plus exigeantes que celles de l’UE, visent à discréditer les élevages de plein air, 9 élevages sur 10 ayant été déclarés non-conformes suite à l’audit de biosécurité PigConnect. Lequel n’épargne pas les élevages en bâtiment.
Dans le cadre du renforcement de prévention contre la Peste porcine africaine, une menace tangible du fait de la présence du virus à nos frontières, le ministère de l’Agriculture a mobilisé en début d’année un budget de 2 millions d’euros destiné à financer la formation de 600 auditeurs et la réalisation de 3000 audits en élevages de porcs et de sangliers, ciblant les exploitations ayant produit moins de 1000 porcs en 2023, le tout sous l’égide de l’Association nationale sanitaire porcine (ANSP), avec l’appui l’Ifip-Institut du porc pour la formation des auditeurs et sur la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).
90% de non-conformité en plein air…
Selon la Confédération paysanne, 237 audits PigConnect ont été réalisés au cours du premier semestre et 90% élevage de plein air audité ont été déclarés non conformes à la réglementation « biosécurité. « Elaborée par les services de l'État et les filières industrielles, cette réglementation, pensée pour les productions animales en bâtiment, ne tient pas compte de la réglementation européenne qui propose des obligations de résultats, dénonce la Conf’. Les obligations de moyens imposées par la réglementation française reflètent la volonté de mettre l'élevage sous cloche, d'isoler nos animaux de leur milieu de vie. Cette réglementation n'est tout simplement pas réalisable concrètement dans les élevages plein air et impossible à supporter financièrement pour nombre d'entre eux ».
… et 75% en bâtiment
Réalisé par des auditeurs assermentés, l’audit PigConnect Biosécurité est composé de 70 questions et d’une trentaine d’items qualifiée de « prioritaire » (sas, clôtures, zonage...). Le non-respect d’un seul de ces items amène à un résultat d’audit non conforme. « L'auditeur ne bénéficie d'aucune latitude pour apprécier un item : sur un item donné, si un élevage prouve que la réalisation de cet item est incompatible avec le fonctionnement, la structure ou les capacités financières de sa ferme, alors l'auditeur devra indiquer que l'item est non-conforme. Si cet item est prioritaire, alors le résultat de l'audit sera non-conforme », décrit la Conf’. Maigre consolation : les élevages avec bâtiment sont à peine mieux lotis : le taux de non-conformité des élevages audités atteint 75% selon le syndicat.
Appel au boycott
La Confédération redoute l’étape d’après, à savoir les futurs contrôles biosécurité des Directions départementales de la protection des populations (DDPP). Si les exploitations auditées cette année, sur la base du volontariat, ne feront pas l’objet de contrôle, « la pression de contrôle sera plus forte sur les autres élevages » tandis que « les fermes ayant eu un audit PigConnect gratuit non-conforme cette année soient priorisées à partir de 2026 », redoute la Conf’, qui dénonce par ailleurs la volonté de l’interprofession de rendre l’audit obligatoire, à raison d’un par an. En signe de protestation, la Confédération paysanne conseille aux éleveurs et aux éleveuses de porcs en plein air de ne pas réaliser cet audit. « Nous continuerons à accompagner les paysans ayant des problèmes de contrôle biosécurité, et à lutter pour une réglementation sanitaire enfin adaptée à l’élevage paysan ».
Le syndicat publie un document d’information détaillant les tenants et aboutissants de l’audit PigConnect et fait état de ses propres propositions en matière de biosécurité en plein air. En 2023, la Conf’ avait publié un guide biosécurité dédié aux élevages de porc en plein air.