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Charges de mécanisation (3/4) : en élevage bovin, le risque de la dispersion
Le niveau des charges de mécanisation des exploitations bovines est élevé et croit avec leur taille, avec une forte variabilité. La juxtaposition de plusieurs ateliers de production crée potentiellement des surcharges.
« Dans le secteur des bovins lait, le coût du matériel ne fait pas débat, il n'y a pas de réflexion sur l'acquisition de matériel, ni d’outil d'aide à la décision, tout ceci faisant suite à un dessaisissement progressif des acteurs du développement agricole vis-à-vis de la mécanisation ». Le Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER), qui a mis les mains dans le cambouis des charges de mécanisation, plante d’emblée le décor. Un constat qui vaut pour l’élevage bovin comme pour les céréales. Et pourtant, le sujet des charges de mécanisation est pris à bras le corps par la profession, et notamment par l’Institut de l’élevage qui a développé avec Couprod un logiciel d’analyse des coûts de production. Il s’appuie sur les références des réseaux d’élevage Inosys qui, depuis 30 ans, associent près de 2000 éleveurs et plus de 240 ingénieurs décryptant le fonctionnement des élevages herbagers. La méthode privilégie les comparaisons des charges de mécanisation avec les unités de litre de lait ou de kilo de viande.
Intensification laitière
Sur la base d’une analyse de l’évolution des coûts de mécanisation en Bretagne réalisée par CerFrance, entre 2007 et 2017, la mission du CGAAER pointe le même mécanisme d'augmentation des charges que pour les cultures céréalières, à savoir une augmentation proportionnelle à la surface. Sur la période étudiée, caractérisée par une intensification de la production laitière, avec une augmentation de quota de 75 %, les surfaces ont augmenté de 31% et les charges de mécanisation de 33%. « Le niveau des charges de mécanisation des exploitations laitières est élevé et croît avec leur taille, relève la mission. Ces exploitations correspondent la plupart du temps à la juxtaposition de plusieurs ateliers de production, un végétal et un animal accroissant ainsi la contrainte de disponibilité de nombreux équipements ».
Du simple au double
Dans le secteur des bovins viande, la mission du CGGAER déplore le manque de références disponibles pour évaluer les charges de mécanisation à la surface. Elle cite néanmoins les travaux de l’Institut de l’élevage, qui pointe la variabilité des charges d’une exploitation à l’autre, dans un rapport d’un sur deux, soit 243 euros à 586 euros pour 100 kilos de viande.
Une étude des Cuma de Bourgogne Franche-Comté est également citée. Réalisé en 2019-2020, elle analyse les charges de douze exploitations en bio qu’elle confronte à celles d’exploitations conventionnelles comparables. Cette étude montre que les charges de mécanisation du système en conduite biologique sont plus élevées qu’en conduite conventionnelle : 171 €/ha contre 144 €/ha, soit 19% en plus. « Ces résultats montrent qu'il existe une marge de progrès accessible avec un meilleur raisonnement de la mécanisation » conclut la mission.