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Chèque alimentaire : vers une mise en place en deux temps
Sitôt les législatives, le gouvernement prévoit de soumettre au Parlement la création d’un chèque alimentaire avant l’instauration d’un dispositif pérenne. Les banques alimentaires veulent être invitées à la table d'écriture du futur chèque, qui doit passer sous les « fourchettes » caudines de Bercy.
« Un chèque alimentaire sera versé dès l’été pour les ménages modestes et un dispositif pérenne sera ensuite proposé » : c’est l’annonce qu’a faite le gouvernement le 11 mai à l’issue du dernier Conseil des ministres du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Le chèque alimentaire sera l’une des armes anti-inflation soumises au Parlement à l’issue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains, aux côtés notamment de la prorogation jusqu’à fin 2022 du bouclier tarifaire sur l’énergie, de la revalorisation des prestations sociales et des pensions de retraite ou encore de la suppression de la redevance télé.
40 à 60 euros par mois, 4 à 6 milliards d’euros par an
Proposée par la Convention citoyenne pour le climat, l’instauration d’un chèque alimentaire était mentionnée dans la loi Climat et résilience d’août 2021, imposant au gouvernement la rédaction d’un rapport détaillant ses modalités et son calendrier de mise en œuvre.
Si rapport il y a eu, il n’a pas été rendu public et le gouvernement de Jean Castex n’a pas sorti son chéquier. Il faut dire que la mesure, qui aurait vocation à bénéficier aux 8 millions de personnes éligibles aux minimas sociaux, pourrait coûter entre 4 et 6 milliards d’euros par an, sur la base des indications qu’ont pu énoncer courant 2021 le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie ou encore le député Grégory-Besson-Moreau, rapporteur de la loi Egalim 2. Emmanuel Macron l’a reprise à son compte dans son programme présidentiel mais sans en dévoiler davantage sur ses futurs contours. Davantage que les aspects techniques, c’est peut-être la question budgétaire qui bloque.
Les propositions des banques alimentaires
Les 79 banques alimentaires, qui soutiennent 2,1 millions de personnes en situation de précarité, à hauteur de 92 euros par mois et par personne, veulent être invitées à la table d'écriture du futur chèque. « Les Banques alimentaires, premier réseau d’aide alimentaire en France, force de propositions depuis plusieurs mois, souhaitent être intégrées à la co-construction d’un dispositif qui doit s’inscrire en complément du savoir-faire des associations d’aide alimentaire », font-elles savoir dans un communiqué. Elles réclament au passage la publication du fameux rapport resté sous cloche.
Elles formulent par ailleurs plusieurs propositions, dont l'expérimentation du dispositif auprès de populations identifiées (étudiants, familles monoparentales, retraités en situation de précarité...) ou encore auprès de structures identifiées telles que les 942 épiceries sociales et solidaires partenaires du réseau des Banques alimentaires (avec un prix de vente plafonné à 15% de la valeur des produits).
Les Banques alimentaires proposent que les chèques soient remis par les Centres communaux d’action sociale (CCAS) mais aussi par les associations d’aide alimentaire habilitées, « en étant obligatoirement assortis d’une proposition d’accompagnement social ».
Elles estiment que le chèque alimentaire doit être « un outil valorisant pour les personnes qui le reçoivent, en leur laissant le choix d’acheter des produits alimentaires diversifiés, de qualité, locaux si possible, en s’appuyant notamment sur les recommandations du Programme national nutrition santé ». A cet égard, elles demandent à ce qu’une partie du budget alloué à la mise en place du chèque alimentaire leur soit délégué.