Complément de revenus : vendez votre carbone !

Déjà obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés en métropole, le bilan carbone complet de gaz à effet de serre s'appliquera désormais aux entreprises de plus de 250 salariés à compter de 2025, dans le but d'accélérer la transition écologique. C'est là qu'intervient France Carbon Agri en partenariat avec le Crédit Agricole. Ensemble, ils ont lancé mardi dernier la plateforme Carbioz, destinée à commercialiser les crédits carbone produits par les agriculteurs et leur permettre de diversifier leurs revenus. Ceux déjà engagés dans une démarche de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, pourront être récompensés pour leurs efforts. Une approche à contrepied des quotas carbone, qui pénalisaient les pollueurs. 

Les agriculteurs, déjà au rendez-vous 

La plateforme, récemment ouverte, accueille les exploitations certifiées ou en cours de certification par le Label bas-carbone, développé par le ministère de la Transition écologique. Ce label récompense les agriculteurs ayant pris des mesures de séquestration du carbone telles que la valorisation des haies existantes par exemple, la transition du labour au semis direct, ou encore une meilleure gestion de l'eau. Actuellement, 2800 agriculteurs proposent la vente de leur carbone et 80 entreprises sont déjà partenaires. 

Favoriser l'ultra local 

La plateforme Carbioz favorise non seulement des crédits carbone certifiés, mais également locaux, répondant à la demande croissante des entreprises de valoriser le "Made in France". Elle localise des exploitations près de chez soi, offrant des caractéristiques spécifiques en fonction de la sensibilité et des besoins de l'entreprise, tels que l'"amélioration de la conduite du troupeau" ou "une meilleure consommation d'engrais pour limiter la pollution par l'azote". 
Samuel Vandaele, président de France Carbon Agri, précise : la plateforme Carbioz permet de "trouver au plus proche de son entreprise, la capacité de décarboner et d'établir une relation BtoB entre les agriculteurs et les entreprises". 

Bien qu'il existe des projets de décarbonation moins chers mais situés à l'autre bout de la planète, le projet commun du Crédit Agricole et de France Carbon Agri mise sur la proximité des agriculteurs et sur des critères d'éligibilité stricts.

Pas de marché secondaire

Contrairement aux quotas carbone, il n'est pas possible de revendre un crédit sur un marché secondaire, ce qui élimine toute possibilité de spéculation. "En tant qu'entreprise, on acquière une prestation de service environnemental", souligne Samuel Vandaele. La plateforme se veut transparente avec une double certification. Le ministère de la Transition écologique valide le projet et au bout des 5 ans, Veritas, auditeur indépendant, certifie l'ensemble des démarches et la réduction de carbone constatée. 

Un marché basé sur le volontariat

Carbioz s'appuie sur une démarche volontaire. La moyenne de séquestration de carbone est fixée entre 600 et 1000 tonnes par exploitation, chaque tonne étant achetée 45 €, dont 32 € sont reversés à l'agriculteur. "Ce n'est pas la vente des crédits carbone qui financera la transition, mais cela incite l'agriculteur à réfléchir sur sa gestion de son exploitation et sensibilise l'entreprise sur son impact environnemental", nuance Samuel Vandaele. "C'est un marché nouveau, basé sur du volontariat qui nécessite de la pédagogie", conclut Dominique Moreau-Ferellec.

Tout comprendre des crédits carbone

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