Contre les ravageurs et les adventices, des prairies et des cultures arables

Une étude de l’INRAE, du CNRS et de La Rochelle Université, conduite au sein d’une vaste zone agricole spatio-temporelle, révèle que les processus de régulation écologique peuvent réduire de manière significative la pression des ravageurs et des adventices.

« Les prairies et la diversité des cultures, respectivement, soutiennent les services de lutte contre les insectes nuisibles et les mauvaises herbes dans les paysages agricoles grâce à un effet de complémentarité. La diversité des cultures a augmenté le taux de prédation des graines de mauvaises herbes (de 16%) et a réduit l'infestation des mauvaises herbes (de 6%), tandis que les prairies à long terme (à un degré beaucoup plus élevé que les habitats de foin ou de bois) ont augmenté les taux de prédation des insectes nuisibles (de 23%) et réduction des infestations de ravageurs (de 19%) dans la plupart des cultures arables ». Telle est la conclusion d’une étude de l’INRAE, du CNRS et de La Rochelle Université parue dans la revue scientifique PNAS.

Ces résultats sont le fruit du programme de recherche Harmonie, soutenu par le Région Nouvelle-Aquitaine et piloté par le Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC) situé dans les Deux-Sèvres. Ce dernier opère au sein la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre, un laboratoire à ciel ouvert s’étendant sur 450km2, permettant d’analyser, sur la durée, les trajectoires de la biodiversité et des pratiques agricoles. Sur ce territoire comptant 435 exploitations agricoles, l’équipe Résilience du CNRS pousse dans ses retranchements le postulat selon lequel l’agroécologie, sous ses différentes facettes (agriculture biologique, agroforesterie, permaculture, semis direct sous-couvert, intégration de l’élevage en système céréalier...) induit des processus de régulation écologique susceptibles de remplacer tout ou partie des intrants chimiques.

Solutions fondées sur la nature

Durant 7 ans, les scientifiques ont étudié les effets de différents types d’habitats semi-naturels (prairies temporaires, prairies permanentes, haies) de 974 parcelles au sein de différents paysages, caractérisés par la présence de prairies permanentes (entre 0 à 50%) et présentant différents degrés de diversité des cultures (de 1 à 7 cultures différentes). « Ces résultats confirment les bénéfices de ces solutions fondées sur la nature, dans un contexte où les prairies permanentes diminuent à l’échelle européenne. Ils suggèrent qu’il est nécessaire de repenser l’aménagement des paysages agricoles en maintenant les habitats semi-naturels clés et en diversifiant les cultures pour réduire l’usage des pesticides tout en garantissant la production agricole », conclut l’INRAE.