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Ecophyto 2030 : l’indicateur HRI1 en baisse de 36% en 2022
L’objectif est d’atteindre le cap des 50% d’ici à 2030, comparativement à la période de référence 2011-2013, ce que le gouvernement escompte bien atteindre, via la recherche d’alternatives et l’accélération de la transition phytosanitaire dans les cours de ferme. Les enjeux de santé humaine et environnementale sont également prégnants, avec à la clé deux initiatives et échéances majeures.
64 : c’est la valeur de l’indicateur HRI1 pour l’année 2022, comme l’a indiqué mardi le ministère de l’Agriculture à l’issue d’un Comité d’orientation stratégique et de suivi (COS) de la Stratégie Ecophyto 2030, exactement un an après la présentation de cette dernière. Le HRI, c’est le « Harmonized Risk Indicator 1 », un indicateur déployé à l’échelle de l’Union européenne et permettant à chaque Etat membre de jauger ses efforts de réduction des usages et des risques liés aux produits phyto, avec pour référence une base 100 sur la période 2011-2013, et que la France a substitué au Nodu qui servait alors d’indicateur aux différents Plans Ecophyto, non sans être accusée ici ou là de tripatouiller le baromètre phyto.
Ce dont le gouvernement se défend, en maintenant le suivi d’autres indicateurs tels que le Nodu, les Quantité de substances actives (QSA), les QSA spécifiques au glyphosate et aux produits classés CMR (cancérigène, mutagènes, reprotoxiques). Le gouvernement a par ailleurs fait plancher l’INRAE sur un renforcement de la robustesse du HRI1.
Le HRI1 correspond à la quantité de substances actives (QSA) utilisées durant une année, pondérées chacune par un coefficient lié à leur appartenance à des groupes de « risque » : 1 pour les substances de faible risque, 8 pour les substances autorisées, 16 pour les substances dont l’interdiction est envisagée, 64 pour les substances interdites. La valeur du HRI1 est donc passée de 66 en 2021 à 64 en 2022, année marquée par « une pluviométrie excédentaire pour les mois de juin, septembre et novembre, favorisant le développement de maladies fongiques telles que l’oïdium, ainsi que d’adventices, induisant des ventes importantes d’herbicides », souligne le ministère de l’Agriculture, qui relève par ailleurs que « la France progresse moins rapidement dans l’atteinte des objectifs que la moyenne européenne », la valeur moyenne du HRI1 à l’échelle européenne pour 2022 s’établissant à 50.
Au niveau européen, il existe également l’indicateur HRI2, qui correspond à la somme du nombre des dérogations d'urgence (en cas de danger qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens raisonnables) accordées en vertu de l'article 53 du règlement (CE) n°1107/2009, dites « dérogations 120 jours », pondérée par le coefficient lié à la classification des substances concernées par chacune de ces dérogations. Il est toutefois jugé comme « rudimentaire » car il ne repose pas sur les quantités utilisées mais sur le nombre de dérogations, avec de nombreuses variables à la clé (surfaces en jeu, diversité des cultures, autorisation mono ou multi-usages) rendant peu pertinente la comparaison d’un Etat membre à l’autre.
La stratégie combinatoire d’Ecophyto 2030
Pour forcer la réduction des usages, le ministère de l’Agriculture mise sur le PARSADA, le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait de substances actives au niveau européen et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures, ainsi que sur le PRAAM, le dispositif Prise de risque amont aval et massification de pratiques visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles. Sur l’axe transfert et massification, les fermes DEPHY feront l’objet d’une évaluation et, le cas échéant, d’une évolution.
L’an 1 de la Stratégie Ecophyto 2030 a vu également le déploiement de mesures visant réduire la pression des pesticides sur sites Natura 2000 disposant d’une partie terrestre. Cet axe s’est matérialisé par un Appel à manifestation d’intérêt par l’OFB, dans le cadre de la Stratégie nationale biodiversité, sur trois territoires pilotes couvrant des sites Natura 2000 et des aires d’alimentation de captages (AAC) à hauteur de 450.000€. Toujours sur sites Natura 2000, l’INRAE a de son côté lancé une expérimentation visant à bâtir un modèle de gouvernance locale concernant l’utilisation des produits phytos en Régions Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté, à hauteur de 300.000€ sur pour la période 2024-2026.
Plus globalement, la Stratégie Ecophyto 2030 va davantage être territorialisée afin de répondre aux problématiques identifiées au plus proche du terrain, avec notamment une gouvernance spécifique pour l’outre-mer. Au plan européen, la reconnaissance officielle du biocontrôle et l’accélération des procédures d’homologation est dans le viseur du gouvernement.
Santé humaine et environnementale
Si la Stratégie Ecophyto 2030 esquisse des lendemains phytosanitaires potentiellement moins impactants, elle n’occulte pas les points critiques concernant la santé humaine et la santé des écosystèmes. S’agissant des phénomènes de pollution de la ressource en eau, qui se propagent jusqu’au robinet, conformément à la feuille de route dédiée à la protection des aires d’alimentation de captage (AAC) d’eau, 10% des aires d’alimentation de captage devraient faire l’objet de mesures de protection renforcées contre les pollutions diffuses, incluant potentiellement des restrictions d’usage de produits phytosanitaires. Le décret inventoriant les AAC concernées est attendu pour la fin de l’année.
En ce qui concerne les impacts sur la santé humaine, « plusieurs études françaises et internationales ont mis en évidence des liens entre l’exposition aux pesticides et le risque d’apparition de pathologies cancéreuses, neurologiques ou encore de troubles de la reproduction », rappelle le ministère de la Santé, qui mentionne deux échéances majeures d’ici à la fin de l’année : la tenue d’un comité de suivi des études nationales portant sur les impacts des pesticides sur la santé d’une part, et d’autre part, la création d’un portail national d’information sur l’exposition des riverains aux produits phytopharmaceutiques.