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Cuma : le collectif, un levier primordial pour réduire les phytos
Une récente étude universitaire fait le lien entre baisse de l’IFT et présence de Cuma sur un territoire. L’importance des échanges sociaux entre adhérents et la possibilité d’accéder à du matériel dédié aux pratiques agroécologiques sont les deux facteurs à l’origine de ce constat vertueux.
Publiée courant janvier dans la revue Ecological economics, une étude réalisée par l’université de Rennes et l’Institut Agro ouest établit un lien notable entre la présence de Cuma sur un territoire et la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Cette étude a été menée sur une large échelle, couvrant 5793 Cuma et 64 % du territoire national. Elle utilise l'Indice de Fréquence de Traitement (IFT) comme indicateur. En chiffres, l’étude montre que les zones agricoles qui comprennent au moins une Cuma ont un IFT inférieur de 7% par rapport aux zones sans membres de Cuma.
Chaque adhérent supplémentaire réduit l’utilisation des phytos
Les chercheurs montrent également que dans une zone agricole définie, chaque adhérent supplémentaire dans une Cuma entraîne une diminution de 0,07% de l’IFT. « C’est un partenariat de plus de 10 ans entre la FNCuma et les structures partenaires du projet qui a permis d’obtenir ces résultats. Les chercheurs ont pu croiser la consommation de produits phytosanitaires par code postal avec nos propres bases de données du nombre de Cuma ou d’adhérents par territoire », détaille Annabelle Revel, cheffe de projet au sein de la FNCuma.
La prochaine étape de ce travail universitaire consiste à étudier l’impact de l’échelon fédératif sur le déploiement des pratiques agroécologiques. « Le réseau des Cuma a des fédérations locales, régionales et enfin la fédération nationale. Les chercheurs vont essayer de déterminer les leviers à privilégier à ces différents échelons pour accompagner la réduction de l’usage des produits phytosanitaires », détaille-t-elle.
La force du collectif
L’étude publiée mi-janvier a permis de déterminer deux facteurs liés aux Cuma permettant de justifier cette réduction de l’IFT. Le premier d’entre eux repose sur la force du collectif. « Les interactions sociales entre agriculteurs membres des Cuma favorisent l’adoption de pratiques réduisant l’usage des pesticides », écrit la FNCuma sur son site.
En Lorraine, la FNCuma Grand Est accompagne actuellement une inter-cuma dans ce sens. « Le GIEE animé par la Cuma de Maizières-les-Vics et dédié au désherbage mécanique, a voulu élargir l’action aux Cuma du secteur pour enrichir la discussion sur d’autres matériels », se souvient Joris Paroisse, chargé de la mission Cuma Grand-Est. S'ensuivent plusieurs journées d’échanges et une formation commune aux adhérents de trois Cuma en janvier. « Au début de la démarche, les agriculteurs étaient très volontaires. Puis, il y a eu un retour de bâton avec l’identification du frein de la fenêtre météo que les exploitants ont eu du mal à dépasser. La formation a permis de redonner une dynamique aux participants à travers un nouveau bagage technique », rapporte le chargé de mission.
Au-delà des temps de réflexion et d’échange, le collectif permet aussi de répartir les risques. Dans le cadre d’une journée de démonstration organisée au printemps prochain, les essais de nouveaux itinéraires techniques ont été répartis entre différents membres de l’inter-cuma accompagnée par Joris Parroisse. « Lors de cette journée, nous aimerions avoir des démonstrations en dynamique uniquement avec du matériel disponible sur les Cuma, sans faire appel aux concessionnaires », détaille-t-il. L’idée est d’évaluer ce qu’il est possible de réaliser avec le matériel déjà en parc et parfois sous-utilisé.
Un parc matériel à exploiter
Au-delà du collectif, les Cuma sont aussi un parc matériel disponible pour les adhérents. Selon les données recoupées par les chercheurs, plus il y a de matériel agro-écologique au sein d'une Cuma, plus l'IFT du secteur de la Cuma diminue. « Quand le matériel est conduit par le chauffeur de la Cuma qui a pu accumuler de l’expérience, cela permet de lever la peur sur certains équipements de désherbage mécanique », ajoute Joris Paroisse. Selon lui, avoir une personne chargée de conduire le tracteur permet également d’organiser la tournée et d’optimiser la disponibilité des équipements sur les fenêtres météo favorables.
Si, au premier abord, ces matériels renvoient aux herses étrilles, bineuses ou autres houes rotatives, Annabelle Revel souhaite aller plus loin dans la définition. « Ce n’est pas le matériel qui est agroécologique, ce sont les pratiques mises en place par les agriculteurs. Une Cuma qui travaillerait sur les pratiques agroécologiques de non-travail du sol pourrait par ailleurs inclure un semoir de semis direct ou un rouleau de destruction des couverts parmi ces équipements agroécologiques », prône-t-elle.