Des semis d’hiver en pleine volatilité

[Edito] La crise du covid, et encore plus la guerre en Ukraine, ont fait réapparaître une volatilité exceptionnelle sur le marché des matières premières au cours de ces deux dernières années. Des variations de prix à la hausse ou à la baisse, pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros par tonne au cours d’une même campagne de commercialisation, avaient quasiment disparu depuis de longues années.

Pendant la campagne 2021-2022, le cours de la tonne de blé a ainsi fluctué de près de 180 €, celui du maïs de 130 € et celui du colza de plus de 500 € ! Du côté des intrants, même constat : le cours de l’ammonitrate a enregistré une hausse de 440 €/t sur l’année écoulée et le prix du gaz a plus que doublé.

Ces dernières semaines, le marché n’a cessé de faire le yo-yo au gré des volte-face de Vladimir Poutine concernant le maintien du corridor maritime permettant l’exportation de grains et d’engrais en provenance d’Ukraine. Après avoir provoqué un effet d’annonce le weekend dernier, en déclarant se retirer de l’accord, la Russie a finalement fait machine arrière. Ce couloir sécurisé en mer Noire a permis à 10 millions de tonnes de céréales et autres produits agricoles d’être exportés depuis l’Ukraine, grâce à l’accord signé en juillet sous l’égide de la Turquie et de l’ONU. Mais cet accord prend fin le 19 novembre, et la suite est encore incertaine.

Les températures exceptionnellement douces que nous avons connues au mois d’octobre ont contribué à éviter la flambée des prix de l’énergie, et par ricochet ceux des engrais azotés. Les prix du gaz se sont fortement détendus depuis les records atteints cet été, mais restent tout de même deux fois plus élevés qu’en début d’année. Or, le pic de la demande est à venir, avec l’approche de l’hiver.

La flambée des intrants au cours de l’année écoulée a posé une question récurrente : les agriculteurs modifieront-ils leurs assolements pour se détourner des cultures gourmandes en azote ? Les semis de blé et d’orge évoluent actuellement dans de très bonnes conditions, et les premières estimations des surfaces des cultures d’hiver seront connues dans les prochains jours. Elles permettront d’appréhender les conséquences de l’envolée des matières premières sur la ferme France, dans un contexte où les prix des grains demeurent sur des niveaux historiquement élevés.