Devenez fournisseur d'énergie avec l'autoconsommation solaire collective

L’Etat est en train de revoir le dispositif de soutien au solaire photovoltaïque et pourrait bien remettre en question l’accès au guichet ouvert pour les centrales de 100 à 500 kWc. Dommage, elles étaient devenues, depuis début 2022, le standard des installations agricoles en raison du tarif d’achat des kwh solaires produits, supérieur à celui des centrales 36 - 100 kWc jusqu’en janvier 2024.


Ce tarif d’achat pourrait descendre, pour le trimestre en cours, à 9.5 centimes d’€/kWh puis passer, d’ici juillet prochain sous la barre des 9 centimes. Impact direct sur la rentabilité des projets : -25% de bénéfice cumulé sur 20 ans et + 2 ans de temps de retour sur investissement (retrouvez nos simulations de rentabilité sur
https ://loiret.chambres-agriculture.fr/sinformer/energies/photovoltaique).


Alors que le prix de vente des panneaux amorce une remontée, cela pourrait bien entamer la motivation de certains à équiper les plus grands bâtiments. D’où l’intérêt de trouver de nouveaux débouchés pour valoriser cette production. L’autoconsommation en est une et particulièrement l’autoconsommation collective.

 

Trois bonnes raisons de "penser" autoconsommation solaire

  1. La baisse du prix des équipements solaires : 

    En un peu moins de 20 ans, le prix des installations solaires agricoles est passé de 5 €/Wc à 0.7 €/Wc. Une centrale de 100 kWc qui coutait 450 à 500 000 € en 2009, n’en vaut plus que 70 000 aujourd’hui. Ces deux dernières années, sous l’effet du dumping Chinois, le prix d’achat des panneaux a été divisé par 3 !
    Ainsi, le prix de revient d’un kilowatt heure solaire produit par une installation agricole est de l’ordre de 6 à 7 centimes hors taxes, sans doute 4 à 5 centimes pour les centrales posées au sol de grande puissance. En 15 ans, Le KWh solaire est devenu l’un des plus compétitif avec l’éolien et  l’hydroélectricité, devant le nucléaire.
     
  2. L'augmentation du prix du kWh réseau :

    Il s’est longtemps tenu sous la barre des 50 €/MW mais a explosé en 2022 pour cause de guerre en Ukraine et d’entretien de nos réacteurs nucléaires.
    A court terme, les spécialistes annoncent une tendance stable voir baissière mais à moyen terme, le prix du kWh acheté aux fournisseurs d’énergie  devrait s’inscrire dans une logique de hausse.

    Plusieurs raisons :
    • Une reprise économique attendue, qui impliquera une augmentation de la consommation électrique donc de la demande,
    • Un marché moins stable qu’avant (contexte géopolitique incertain et comportement moins prévisible des consommateurs) qui génère de l’incertitude pour les fournisseurs. Ceux-ci chercheront à se protéger sur les contrats longs.

    A cela, s’ajoute la progression du coût de l’acheminement et des taxes qui pèsent de façon non négligeable sur le prix de revient du kwh économisé. (*)
     
  3. Les incitations de l'Etat :

    Celles-ci servent pour autoconsommer, via ses contrats de vente de surplus, à moins qu’eux aussi voient leurs tarifs d’achat diminués.

(*) Prix du kwh économisé : prix de revient du kwh non soutiré sur le réseau. Il est constitué de la fourniture, hors abonnement, et d’une partie des frais d’acheminement et de taxes.


Les différentes façons d'autoconsommer

Il existe deux grands modèles d’autoconsommation solaire :
 

  1. L’autoconsommation individuelle (ACI) : Son principe : 1 producteur / 1 consommateur / 1 seul compteur :
    La centrale solaire est raccordée sur votre installation électrique ce qui impose que les panneaux soient localisés au même endroit que les sources de consommation.

    S’il y a un excédent de production, il est :

    • Soit perdu . On parle d’autoconsommation totale.
    • Soit injecté sur le réseau sous forme de surplus. Il peut dans ce cas être valorisé financièrement. Si la puissance de la centrale solaire est supérieure à votre puissance de soutirage, la ligne qui vous raccorde au réseau devra être re-dimensionnée.
    • Soit stocké pour être utilisé ultérieurement (batterie physique ou virtuelle).
     
  2. L'autoconsommation collective (ACC) : Son principe : 1 ou plusieurs producteurs / 1 ou plusieurs consommateurs / au moins 2 compteurs

    Que votre centrale solaire soit raccordée au réseau via votre ligne de soutirage (voir ACI ci-dessus) ou en direct (c’est le cas des centrales lorsque la totalité des kWh solaires est injectée), l’idée de l’ACC est de distribuer de l’électricité autour de vous en utilisant le réseau comme voix d’acheminement.

    Pas besoin de « tirer » un câble entre le producteur et le consommateur.
    Ainsi, vous pouvez :
    • Vendre de l’électricité à vos voisins. Vous devenez fournisseurs d’énergie au même titre qu’ EDF, TOTAL, … mais sans avoir leurs contraintes. C’est de la vente locale et en directe.
    • Autoconsommer votre propre électricité solaire quand bien même les panneaux ne se trouve pas à proximité de votre source de consommation.

 L'autoconsommation collective (ACC) : comment ça marche ?

C’est un dispositif règlementaire plus qu’un concept technique. Il se résume à une répartition de flux d’électrons entre producteur(s), consommateur(s) et fournisseur(s) d’énergie.

Il y a 2 modèles d'autoconsommation collective : 

  1. Un modèle « social » : Un ou plusieurs producteurs solaires (*) identifient un ou plusieurs consommateurs intéressés par la fourniture d’électricité locale. En zone rurale, tous ses acteurs doivent se situer dans un cercle de 20 km de diamètre maximum. Chacun doit être équipé d’un compteur communicant (type Linky ou PME/ PMI).
  2. Le modèle « patrimonial » : Il permet d’envisager la démarche avec une seule personne, à partir du moment où celle-ci possède bien un compteur de production (centrale solaire) et un compteur de consommation. Cela permettrait aux irrigants par exemple, d’alimenter leur station de pompage même si
    celle-ci ne se trouve pas à proximité immédiate de la centrale solaire.

    Un bureau d’étude analyse les courbes de production des centrales solaires et les courbes de consommation de chaque client. Il calcule la quantité de kWh solaire qui peut être consommée dans un délai de 15 min maximum après leur production. Dans le cadre de l’ACC, le réseau ne peut pas faire office de solution de stockage.

 

  1. Producteurs et consommateurs s’entendent sur la période de consommation, la quantité fournie et le prix du kWh. Un contrat de fourniture d’énergie est établi entre eux.

    Les consommateurs restent liés à leur fournisseur d’énergie habituel.

    Producteurs et consommateurs doivent être liés par une Personne Morale Organisatrice (PMO). Des structures existent déjà dans ce domaine et peuvent gérer votre projet (exemple : APEPHA PMO). Une PMO peut gérer plusieurs démarches d’ACC.

    (*) La puissance maximale cumulée des centrales solaires ne doit pas dépasser 3 MWc.

 Avantages et inconvénients de la démarche

Si un nuage passe devant le toit solaire au moment où le consommateur a besoin d’électricité, pas de soucis, c’est son fournisseur d’énergie qui prendra le relai. Idem si vous choisissez d’autoconsommer vos kWh solaires l’été sur l’exploitation, et de ne vendre à vos voisins que sur les autres périodes de l’année, c’est le fournisseur d’énergie qui assurera leur alimentation.


Charge au gestionnaire de réseau (ENEDIS ou SICAP dans le Loiret) de comptabiliser, pour chaque client, la part des kWh consommés affectée à la centrale solaire. Il transmet au producteur solaire et au fournisseur d’énergie les volumes à facturer.

L’ACC peut se concevoir avec des installations solaires au sol ou sur toiture et peut se cumuler avec les contrats de vente d’électricité S21 de l’Etat en injection totale et en vente de surplus. Elle pourra sans doute l’être aussi avec le futur arrêté concernant les petites centrales au sol.


Pour le propriétaire de la centrale solaire, c’est un moyen d’envisager une meilleure rémunération d’une partie de sa production. En aucun cas cela n’assure la rentabilité de base d’un projet.

Pour les consommateurs, c’est une manière « locale et verte » de faire des économies sur sa facture d’électricité.
Parmi eux, il est possible d’envisager :
• Les PME locales
• Les collectivités locales
• Les agriculteurs raccordés en tarif bleu
Avantages et inconvénients de la démarche
• Les irrigants : à court terme, pas sûr, car ils bénéficient souvent de contrat de fournitures avantageux. A moyen terme, probablement.
• Les particuliers : Ils paient cher leur électricité mais consomment peu et pas forcément au moment où la centrale produit. Ils ne sont pas forcément la cible idéale.

AVANTAGES : 
Choix des clients, de la quantité livrée, de la période et du tarif  :  libre 
Pas d’engagement dans la durée.

INCONVÉNIENTS : 
Chaque kWh solaire qui passe par le réseau est redevable de frais d’acheminement. Gestion administrative si beaucoup de clients.