En 2024, le réchauffement climatique étouffe un peu plus l’Accord de Paris

L’effet conjugué de la hausse des émissions de CO2, de la déforestation et de la baisse des émissions d’aérosols refroidissants est responsable d’une hausse de 1,52°C de la température moyenne à la surface de la Terre. Au rythme actuel, l’élévation de température atteindra 1,5°C dans 3 ans et 2°C dans 25 ans.

Pour la 3ème consécutive après la publication du 6ème rapport d'évaluation du GIEC en 2023, un consortium international de soixante chercheurs, impliquant principalement en France des scientifiques de Météo-France, du CEA, du CNRS et de Mercator Ocean International, a actualisé les indicateurs géophysiques clés du changement climatique planétaire. Leurs résultats, publiés dans la revue scientifique Earth System Science Data, indiquent qu’en 2024, la température à la surface du globe a atteint « un niveau record » avec 1,52°C par rapport à la fin du 19ème siècle, dont 1,36°C dû aux activités humaines.

Indicateurs clé du changement climatique planétaire depuis le 6ème rapport d'évaluation du GIEC datant de mars 2023 (Source : Météo-France)
Indicateurs clé du changement climatique planétaire depuis le 6ème rapport d'évaluation du GIEC datant de mars 2023 (Source : Météo-France)

À l’échelle de cette dernière décennie (2015-2024), la température moyenne à la surface de la Terre a dépassé de 1,24°C la valeur préindustrielle (1850-1900), dont 1,22°C dus aux activités humaines, soit la quasi-totalité du réchauffement observé. « Les émissions de gaz à effet de serre toujours en hausse, limiter le réchauffement planétaire sous 1,5°C n'est désormais plus atteignable » déclarent les chercheurs.

Les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat (2015) visent à limiter le réchauffement planétaire bien en dessous de 2°C, avec la volonté de renforcer les efforts pour le limiter à 1,5°C, et ainsi limiter l’aggravation des risques climatiques.

Début 2025, l’estimation centrale du budget carbone restant pour limiter le réchauffement global à 1.5°C est de 130 milliards de tonnes de CO2. Au rythme actuel d’émissions de CO2, ce budget serait épuisé en un peu plus de trois ans. Le budget carbone restant pour limiter le réchauffement global à 2°C est de 1050 milliards de tonnes de CO2, soit environ 25 années d’émissions de CO2 au rythme actuel. « Le réchauffement planétaire ne cessera de s’aggraver que lorsque les émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles et de la déforestation seront réduites à zéro. Diminuer les émissions de méthane peut permettre de limiter efficacement le réchauffement dans les prochaines années ».

Trois facteurs en cause

Les conclusions de l’étude révèlent que les émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent d’augmenter, et ont atteint le niveau record de 55 milliards de tonnes de CO2 équivalent en 2023. Les données préliminaires indiquent que la hausse s’est poursuivie en 2024. Cette augmentation est principalement liée à l’utilisation toujours croissante des énergies fossiles au niveau mondial, et à la déforestation. Nos émissions de gaz à effet de serre entraînent une augmentation de leurs accumulations dans l’atmosphère. En parallèle, la diminution des émissions de dioxyde de soufre (SO2), pour améliorer la qualité de l’air, a réduit l’effet « parasol » refroidissant des particules soufrées.

La montée du niveau de la mer s’accélère

Le réchauffement planétaire s’explique par un excès de chaleur qui s'accumule dans le système terrestre à un rythme accéléré. Cette perturbation de l'équilibre énergétique de la planète affecte toutes les composantes du système climatique, dont l’atmosphère, l’océan, la cryosphère, le cycle de l’eau, etc. La montée du niveau de la mer, causée par le réchauffement de l’océan et la fonte des glaces continentales, atteint 22,7cm depuis 1901 et voit son rythme s’accélérer. Entre 2019 et 2024, le niveau moyen de la mer a augmenté d'environ 26mm, bien plus rapidement que le rythme moyen de 1,8mm par an observé depuis le début du XXème  siècle.