Espaces-test à l’installation (2/4) : "Les fruits d’une mûre réflexion"

Amélie Armand a passé neuf mois sur l’espace-test arboricole d’Ilots Paysans dans le Puy-de-Dôme. Elle est désormais associée dans l’EARL le Verger de l’étoile qui produit des pommes et autres fruits, frais et transformés. Pas tout à fait les fruits du hasard.

Le 1er janvier prochain, Amélie Armand fêtera le 1er anniversaire de son installation au sein de l’EARL Le verger de l’étoile, basée à Saint-Sandoux (Puy-de-Dôme). Le jus de pomme devrait couler à flot. « Avec environ 35 tonnes, on a réalisé une très bonne récolte, se félicite la jeune arboricultrice. En 2019, on n’avait récolté que 8 tonnes en raison du gel printanier ». En dépit de son installation récente, Amélie Armand connait bien l’exploitation car elle y travaillé auparavant un peu plus d’un an dans le cadre d’un stage de parrainage auprès de Pierre Sauvat, désormais son associé.

"L’espace-test, je conseille."

Retour en arrière. Après un BTS en protection et gestion et de la nature, elle travaille un temps à la ligue de protection des oiseaux, une activité saisonnière qui lui donne l’occasion de travailler en complément dans une exploitation arboricole. Elle se découvre un intérêt pour cette production et décide de se former sur le sujet durant six mois dans le Tarn-et-Garonne. 

C’est dans cadre qu’elle effectue un stage de trois mois chez son futur associé. Elle passe ensuite par l’espace-test arboricole de l’association d’Ilots Paysans, membre du Réseau national des espaces-test agricoles (Reneta), tout en travaillant parallèlement dans une épicerie bio. « Je suis arrivée sur l’espace-test l’année même où il s’est créé, se remémore Amélie Armand. J’ai passé pas mal de temps à défricher mais cette expérience m’a nourri et a facilité mon intégration dans le réseau agricole. Elle a fini de forger ma décision de m’installer. L’espace-test, je conseille, d’autant qu’il désormais totalement opérationnel ».

L’Earl Le verger de l’étoile produit des jus de fruits et fait fabriquer des purées par un Esat
L’Earl Le verger de l’étoile produit des jus de fruits et fait fabriquer des purées par un Esat

Une mûre réflexion

Après cette expérience qui dure un peu moins d’un an, Amélie Armand rejoint l’exploitation de Pierre Sauvat mais cette fois dans le cadre d’un stage de parrainage. L’arboriculteur avait besoin d’un appoint de main d’œuvre pour conduire et développer son verger et investir dans un outil de transformation. Il avait le choix entre un salarié ou un associé : ce sera une associée.

Le parrainage, qui dure 14 mois, donne le temps aux deux parties de jauger la faisabilité de l’association. Le test sera concluant et débouchera sur la création de l’EARL. Dans le même temps, la décision est prise de créer un outil de transformation en investissant dans un broyeur, une presse, un pasteurisateur et une embouteilleuse. Cet investissement est stratégique à plusieurs titres : il permet de valoriser les fruits visuellement dépréciés, étoffer la gamme de produits, étaler les rentrées d’argent et enfin renforcer la valeur ajoutée. Le Verger de l’étoile propose aussi des compotes dont l’élaboration est confiée à un Établissement et service d’aide par le travail.

Cette année, la récolte des pommes et des coings a été fructueuse mais l’exploitation reste très exposée aux aléas climatiques
Cette année, la récolte des pommes et des coings a été fructueuse mais l’exploitation reste très exposée aux aléas climatiques

En attendant l’accueil d’un troisième associé

L’exploitation écoule ses produits auprès des Amap, de magasins spécialisés ou encore d’un magasin de producteurs. Outre la ligne de conditionnement, l’exploitation investit parallèlement dans la rénovation et la diversification du verger, qui produira à court terme, en plus des pommes, des prunes, des pêches, des poires ou encore des coings et des noisettes.

"Quand on fait une bonne année, il faut l’étaler sur deux ans"

La transformation et la diversification revêtent un caractère stratégique au plan économique. « Notre verger est situé à 500 mètres d’altitude est exposé aux gels de printemps, souligne Amélie Armand. Il est conduit en prime sans irrigation, ce qui nous expose à de fortes fluctuations de rendement et donc de revenu. Quand on fait une bonne année, il faut l’étaler sur deux ans ». Les deux associés aimeraient intégrer dans l’exploitation un éleveur de volailles en petits lots mobiles, compatible avec le verger.

 

Tous les articles de la série :

Espaces-test à l'installation (1/4) : Le coup de pouce aux jeunes pousses

Espaces-test à l’installation (2/4) : « Les fruits d’une mûre réflexion »

Espaces-test à l'installation (3/4) : « Garder des rêves et perdre quelques naïvetés »

Espaces-test à l’installation (4/4) : « Trois ans, un minimum pour se tester en élevage »