FCO, MHE : plus de 100 millions d’euros de pertes directes, selon la Confédération paysanne

Le syndicat réclame des vaccins contre tous les sérotypes de FCO et contre la MHE, l’indemnisation intégrale des pertes directes et indirectes et une refonte complète de la politique sanitaire, jugée « en vrac » et confinant au « mensonge d’état ».

Alors que la nouvelle ministre de l’Agriculture Annie Genevard est attendue au Sommet de l’élevage jeudi, la Confédération paysanne a investi, pacifiquement, le stand du ministère de l’Agriculture à la Grande Halle d’Auvergne à Cournon (Puy-de-Dôme). Motif ?  « Les crises sanitaires provoquées par la FCO et la MHE sont d’une ampleur et d’une gravité jamais vues, avec, dans certains départements, des hécatombes d’animaux, des troupeaux décimés et des éleveurs dans une grande détresse », explique Laurence Marandola, porte-parole du syndicat. Sylvie Colas, secrétaire nationale, en charge des dossiers sanitaires, évoque des éleveurs « à bout, qui ont abreuvé des dizaines de bêtes une à une avec des seaux, par injection pour éviter qu’elles crèvent ».

Dans son département de l’Ariège, confronté à la FCO-8, Laurence Marandola affirme que « 100% des élevages ovins » sont concernés par le FCO-8, ainsi qu’une « grande partie » des élevages bovins et caprins. « Actuellement, on redescend les animaux des estives, indique-t-elle. C’est le moment où les éleveurs comptent les animaux. Dans une estive de 2000 bêtes, il en manque 300, soit un taux de pertes de 14%. Dans une autre estive, on est 20% de pertes. Et combien d’agnelles n’agnèleront pas cet hiver », s’interroge la responsable syndicale.

Joël Mathurin (au centre), préfet du Puy-de-Dôme, a assuré les éleveurs que la ministre de l’Agriculture répondrait, ce jeudi, à toutes leurs interrogations
Joël Mathurin (au centre), préfet du Puy-de-Dôme, a assuré les éleveurs que la ministre de l’Agriculture répondrait, ce jeudi, à toutes leurs interrogations

« Au minimum 100 millions d’euros de pertes directes »

Pertes d’animaux, pertes de production, pertes de reproduction : personne à l’heure actuelle n’est en mesure d’évaluer l’impact économique généré par les épizooties de FCO et de MHE. La Conf’ estime que la facture dépassera « au minimum les 100 millions d’euros de pertes directes ». Et de réclamer une indemnisation à 100% des pertes directes et indirectes. « Il faudra bien plus que les 39 millions d’euros en caisse au sein du Fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental » (FMSE), prévient Laurence Marandola, qui attend du gouvernement des indemnisations « rapides » et « à la hauteur », fustigeant les « quatre ans d’instruction » du FMSE. Au passage, la Conf’ met en garde les autorités qui réclameraient des certificats d’équarrissage pour des animaux morts en estive, d’autant plus que les services étaient parfois saturés. « En Ariège, entre août 2023 et août 2024, l’activité d’équarrissage a bondi de 1200%, souligne la responsable. Face à des services débordés, des éleveurs ont déposé les cadavres d’animaux où ils pouvaient, c’est un scandale ».

Vaccins pour tous et autre politique sanitaire

La Conf’ réclame la mise à disposition de vaccins contre toutes les maladies pour tous les éleveurs souhaitant vacciner leurs animaux. « On n’a pas de vaccin contre la FCO-8 alors que les moucherons vont rester actifs jusqu’en novembre » , dénonce-t-elle. Le syndicat réclame une refonte complète de la politique sanitaire, confinant au « mensonge d’état » selon Laurence Marandola. «J’ai découvert la FCO sur mon troupeau le jour où la première bête est morte. Le véto m’a dit : c’est la FCO. On ne savait rien, aucune prévention, c’est indigne de l’Etat » . « Dans le Gers, c’est nous qui avons informé la DDDP de la présence de FCO-8 en réclamant une réunion d’urgence à la préfecture, renchérit Sylvie Colas. Les services sanitaires sont en vrac. Est-ce par manque d’effectif, est-ce la volonté d’abandonner l’élevage, est-ce parce que ces filières ne font pas assez de fric et ne participent pas à la financiarisation de l’agriculture ? ». Eléments de réponse ce jeudi avec la visite de la nouvelle ministre de l’Agriculture.