[Sommet de l'élevage 2024] Vaccins, risques et aides : les éleveurs exigent des réponses claires

Face à la propagation des sérotypes FCO-8 et FCO-3, les éleveurs sont particulièrement inquiets. Les épizooties sévissent et de nouveaux variants, notamment en provenance d'Espagne, menacent leurs élevages.

"Si les FCO-8, FCO-3 et MHE se croisent, sans compter les variants qui ne sont pas encore présents sur le territoire, ça risque d'être l'hécatombe", s'alarme Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges et président de la FNPL, section spécialisée de la FNSEA présent pour cette 33e édition du Sommet de l'élevage. Eleveurs et professionnels critiquent vivement la lenteur de réaction du gouvernement face aux premières contaminations.

La filière est inquiète sur l’évolution épidémique. « Il a fallu attendre deux mois pour commander les doses ! Le gouvernement pensait que ça allait passer puisque ces virus ne sont pas nouveaux et voilà où nous en sommes, s’agace Eric Richard, président de la section laitière de la FDSEA de Haute-Loire, L’Etat a commandé 2 millions de doses contre le FCO-8 et il y en a à peine 500 000 qui sont disponibles ». Le gouvernement s’est justifié en rappelant que dès le 5 juillet 2024, les doses de vaccins avaient été commandées (6,4 millions) avant même l’arrivée sur le territoire et en anticipation de l’homologation des vaccins. Pour les nouvelles zones touchées, 6 millions de doses supplémentaires sont disponibles dès le début du mois de septembre. Des actions arrivées bien trop tard pour une majorité d’éleveurs.

"Les informations s'échangent par téléphone entre éleveurs !"

 

Prévention et accompagnement des éleveurs : des défis majeurs

La vaccination reste volontaire, mais tous les éleveurs ne sont pas enclins à la pratiquer. Certains abandonnent en raison d'un protocole sanitaire jugé trop complexe. De plus, si le vaccin est gratuit dans la zone délimitée par l'État contre la FCO-3, il est payant hors de ce périmètre. Les vaccins pour le sérotype 8, en progression dans le Sud-Ouest, sont également à la charge des éleveurs, tout comme les frais vétérinaires à savoir commande, vaccination et agrément du test.

Stéphane Joandel, secrétaire général de la FNLP s'interroge : "Pourquoi ne pas simplifier les choses ? Pourquoi les éleveurs ne pourraient-ils pas vacciner eux-mêmes leurs animaux ? Il y a trois vaccins (FCO-3, FCO-8 et MHE), sans compter un 4e qui risque d'arriver ! Comment voulez-vous que les éleveurs jouent le jeu ?" La FNPL demande a minima une suppression du test PCR pour faciliter le processus. Yohann Barbe ajoute : "Il n'y a pas assez de veille sanitaire. La filière manque de recommandations et de préventions précises. Les informations s'échangent par téléphone entre éleveurs ! Le gouvernement doit accepter de vacciner chaque année."

Le marché des veaux à l'export menacé 

Les FCO-3 et FCO-8 peuvent causer des malformations importantes chez les bovins et affecter les veaux in utero. Cela impacte directement le marché des petits veaux et des broutards. L'activité à l'exportation est en baisse, créant un afflux de bêtes dans les centres d'allotement.   Yohann Barbe demande à collecter les veaux dès le dimanche, pour obtenir les résultats des tests PCR le lundi soir pour une commercialisation le mardi. Avec ce surplus, les prix d'achats baissent malgré des charges plus importantes pour les éleveurs et ce sont les intégrateurs qui en profitent selon Stéphane Joandel. La filière craint une crise financière en plus de la crise sanitaire. Les veaux ont été exportés plus tôt cette année, contribuant également à la baisse des prix. Concernant les veaux de boucherie, la demande saisonnière en restauration hors domicile a joué en leur faveur cet été et en début d'automne.

Stéphane Joandel insiste : "Nous devons communiquer davantage et rassurer les acheteurs en leur rappelant que ces maladies ne sont pas transmissibles entre animaux et à l'homme. Il n'y a donc aucun risque pour la consommation." Il reste également à rassurer les jeunes agriculteurs particulièrement touchés, car malgré les aides, la dynamique d'installation pourrait être affectée.