Fièvre aphteuse : l’Anses sur le qui-vive

Après la découverte de trois cas de fièvre aphteuse dans un élevage de buffles en Allemagne, une première au sein de l’UE depuis 2011, l’Agence nationale de sécurité sanitaire procède notamment à des tests de concordance vaccinale pour évaluer l’efficacité des vaccins actuellement disponibles sur la souche virale détectée en Allemagne.

Le 10 janvier dernier, trois cas de fièvre aphteuse étaient découverts dans un élevage de buffles près de Berlin, la capitale allemande, conduisant à l’abattage préventif du troupeau composé de 14 animaux et à la mise en place d’une zone de restrictions autour du foyer. Au sein de l’Union européenne, le dernier cas connu remontait à 2011, en Hongrie et précédemment au Royaume-Uni en 2007, avec dans les deux cas l’abattage de centaines d’animaux.

Très contagieuse, pas transmissible à l’homme

La fièvre aphteuse est une maladie animale virale non transmissible à l’homme. Très contagieuse, elle peut affecter tous les mammifères bi-ongulés (bovins, ovins, caprins et porcins) et se caractérise par l’apparition d’aphtes ou vésicules puis d’ulcères sur les muqueuses buccales, nasales et mammaires et sur les onglons (au niveau des bourrelets coronaires des pieds et entre les espaces interdigités). Ces lésions entraînent une salivation intense et filante (signe caractéristique de la maladie), des troubles de la mastication, des boiteries (pertes d’onglons) et des chutes de production du fait de la fièvre et des difficultés à s’alimenter. Souvent bénigne chez les animaux adultes, l’évolution de la maladie peut être mortelle chez les plus jeunes. Les animaux guéris constituent un réservoir de cette maladie en devenant porteurs sains du virus. Le temps d’incubation varie entre 2 et 14 jours.

Pas de vaccination, sauf si

Bien que la vaccination préventive contre la fièvre aphteuse soit interdite en Europe depuis 1991, elle peut être envisagée de manière urgente et spécifique, dès lors que la souche est identifiée. A cet égard, le Laboratoire de santé animale de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) procède actuellement à des tests de concordance vaccinale pour évaluer l’efficacité des vaccins actuellement disponibles sur la souche virale détectée en Allemagne. Laboratoire de référence de l’Union européenne (LRUE) sur la fièvre aphteuse, le Laboratoire de santé animale de l’Anses avait confirmé l’infection et l’identité de la souche virale préalablement analysée par le Laboratoire national de référence allemand.

Surveillance renforcée

Pour éviter la propagation du virus, l’Europe a renforcé le niveau de surveillance. Certains pays, comme le Royaume-Uni, la Corée du Sud ou le Mexique, ont pris des mesures d’interdiction d’importation de viandes en provenance d’Allemagne. Ce n’est pas le cas pour la France, qui a conduit une campagne d’analyses sérologiques sur des porcs importés d’Allemagne en décembre pour s’assurer qu’il n’y ait pas de cas de contamination. Même si le risque d’une propagation est jugé « élevé », selon Labib Bakkali Kassimi, virologiste et responsable du LRUE pour la fièvre aphteuse, « il est peu probable qu’une contamination soit détectée sur les spécimens importés en France, puisque la période d’incubation du virus varie entre deux et quatorze jours et nous nous trouvons désormais au-delà ».