Fortes chaleurs : « Nos vaches ruminent sur des matelas à eau climatisés »

« Vous avez pensé au bien-être de vos vaches avant de penser à votre propre bien-être ». En disant cela, le conseiller bâtiment d’Amélie et Gérard Courcoul, producteurs laitiers à Guémené-Penfao (44), ne pouvait pas leur faire plus plaisir, car c’est effectivement la ligne de conduite de ces éleveurs : mettre leurs bêtes dans les conditions optimales de bien-être pour leur permettre d’exprimer pleinement leur potentiel de production.

La question de l’optimisation du bien-être de leur troupeau laitier, Amélie et Gérard se la sont posée de façon concrète il y a 6 ans : avec deux autres exploitations, ils décident de regrouper leurs effectifs et leurs moyens de production pour gagner en efficacité et en qualité de vie. Ensemble, ils constituent le Gaec des Landelles, qui comprend 6 associés et produisent du lait, du porc, des taurillons et des céréales.

Retrouver le confort des pâtures en intérieur

Dans cette nouvelle organisation, Amélie et Gérard se voient confier la responsabilité principale de l’atelier des vaches laitières : ils passent ainsi de la gestion d’une cinquantaine de vaches produisant 500 000 l de lait à celle de près de 200 animaux, pour environ 2 millions de litres de lait  !

Pour loger tous ces animaux, un nouveau bâtiment doit être construit. Au vu du nombre d’animaux, du parcellaire disponible et compte-tenu de l’installation d’une traite robotisée, les associés renoncent à la pratique du pâturage pour les vaches en production (les génisses et les taries vont cependant en pâture). « On a alors envisagé notre bâtiment en se disant qu’il fallait que les vaches retrouvent en intérieur le confort des prairies », décrit Amélie.

Dans cette optique, les éleveurs souhaitent un couchage confortable pour les vaches en logettes : « On s’était décidés pour des matelas à eau. Nous avons trouvé un fabricant local, Bioret Agri. C’était un gros investissement, car nous voulions 200 matelas, et, au fil des discussions avec les équipes, nous avons établi un partenariat pour tester à grande échelle leur nouveau matelas à eau, Aquaclim. Nous étions les premiers éleveurs équipés au monde de ce matelas ! », s’enthousiasme Amélie.

Des matelas latex à eau avec circuit de rafraîchissement

Ces matelas en pur latex naturel comportent une poche à eau intégrée au sein de la mousse, dont les effets sont reconnus pour diminuer les points de compression et améliorer la circulation sanguine des animaux : « C’est l’équivalent des matelas anti-escarres pour les humains », décrit Amélie. Mais les Aquaclim ont un plus : ils sont équipés d’un système de circulation d’eau extérieure, capable de rafraîchir le matelas et donc d’apporter un supplément de confort thermique aux animaux.

Tous les éleveurs le savent, les vaches laitières sont de véritables chaudières et leur température de confort est très inférieure à celle des humains : 5 à 7 °C avec un peu d’air, c’est leur idéal. « Dès 23 °C, une vache peut fatiguer », décrit Emmanuelle Lacourpaille, conseillère technico-commerciale chez Bioret Agri. En outre, plus les vaches sont productives, plus elles sont sensibles au stress thermique. Ce qui est le cas au Gaec des Landelles : « Notre moyenne d’étable est à 11 800 litres, nos vaches sont des Formules 1 », résume Gérard.

Le réchauffement climatique n’est pas favorable à la production laitière

Le facteur le plus pertinent pour évaluer le stress thermique d’une vache est le THI (Temperature humidity index), qui combine température et humidité. A 25 % d’humidité, une vache sera en stress sévère à partir de 35 °C, mais si l’atmosphère est à 70 % d’humidité, c’est dès 28 °C qu’un stress majeur survient.

Avec le réchauffement climatique, ces niveaux de THI deviennent de plus en plus fréquents et surtout, sur des durées de plus en plus longues : bon nombre d’éleveurs voient désormais chuter la production de leurs animaux durant les périodes de chaleur. Mais le Gaec des Landelles est à peu près épargné : « Le rafraichissement avec les matelas aident nos animaux à mieux garder le cap » estime Gérard.

« Un été, la circulation d’eau des matelas est tombée en panne et il a fait chaud juste après. En 2 à 3 jours, chaque vache avait perdu 4 à 5 kg de lait quotidien. Dès qu’on a remis en route la circulation, on a vite remonté de 3 kg. Aujourd’hui, on a des chiffres, on se rend bien compte de la tendance, on peut prouver que ce système est performant ».

En tant que testeurs à grande échelle de ces matelas, et dans le cadre du partenariat avec Bioret Agri, Amélie et Gérard ont participé à des essais, contribué à des améliorations techniques du produit, et accueilli beaucoup de visiteurs : «  On a reçu des centaines de personnes venues du monde entier ». Ces visites ont été efficaces puisque désormais les matelas Aquaclim équipent plus de nombreuses exploitations, en France et dans plusieurs pays.

Le couple d’éleveurs a aussi tenu à ouvrir les portes de leur bâtiment au grand public. « On était conscients que notre système avec des animaux qui ne sortent pas suscitait des interrogations », commentent Amélie et Gérard. « Certaines personnes sont arrivées avec des a priori. Mais quand ils ont vu les équipements, comme les matelas à eau, mais aussi les brosses rotatives, les stations de grattage, les abreuvoirs en quantité et les robots de traite qui permettent aux vaches d’aller se faire traire quand elles en ressentent, ils ont qualifié notre stabulation d’« hôtel 5 étoiles » pour les vaches ! »