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GAEC du Saint-Éloi : la chaîne YouTube des éleveurs où les vaches font campagne !

Dans le paysage agricole français, Elodie et Julien Bahuon du GAEC du Saint-Éloi, ont pris une place à part. Leur ferme est autant connue dans les champs que sur les écrans. Un succès bâti sur une transparence totale de leur quotidien, de leur métier et de leur vie de famille avec son lot d’imprévus !

Macron, c’est la fille de Hollande”. Il n’y aurait pas un petit problème de généalogie ? “Nous avons toute une lignée de présidents ici !”, plaisante Elodie. Elle le sait : la blague marche à tous les coups. Des noms de dirigeants pour des vaches, c’est osé, mais dans les prés mayennais du GAEC du Saint-Éloi, cela fonctionne à merveille. Sarkozy, Thatcher, Jacques
(Chirac)… tous ruminent côte à côte. « Macron, c’était l’une de nos deux meilleures vaches, elle a fait six filles ! Mais elle a eu un accident et nous avons dû l’euthanasier », explique
Élodie. Derrière l’humour, le couple a trouvé un moyen de rendre chaque bovin unique.
Cette saga présidentielle a conquis leurs abonnés sur YouTube. La famille Bahuon partage son quotidien avec une authenticité qui séduit autant les passionnés d’élevage que le grand public.

Elodie et Julien Bahuons ©Louise Delaroa

La vie à la ferme, la vraie

Julien se fait charger par une truie protectrice, Elodie envoie à la traite Choupette alors qu’elle est encore sous antibiotique, des Limousines s’échappent… “Ce sont souvent ces vidéos-là qui marchent le mieux. Les gens veulent voir le vrai quotidien, avec ses hauts et ses bas” sourit Julien. Sa femme hésite parfois à publier certaines séquences “comme ma vache couchée et qui a dû être relevée par un tracteur. Mais je me suis dit : c’est aussi ça notre métier. On doit le montrer !” Et les retours sont pour la plupart bienveillants. "Les spectateurs comprennent mieux la réalité du métier”, ajoute Elodie.

De Facebook à Youtube : l’agriculture connectée

Julien et Elodie n’avaient pas prévu de se retrouver sous les projecteurs. Tout démarre en 2016 avec un simple compte Facebook. “On avait lancé un financement participatif privé, se souvient Elodie. En échange, on donnait des nouvelles de la ferme et les proches pouvaient même choisir le prénom des animaux”. Très vite, la communauté dépasse le cercle familial. “Au moins, notre famille a enfin compris pourquoi nous n’étions pas toujours en forme !”, sourit Julien. Les abonnés affluent et le couple comprend qu’il y a une véritable attente : faire découvrir le métier d’agriculteur de l’intérieur, sans filtre ni mise en scène.
En 2021, le couple franchit un cap en basculant sur Youtube. Elodie suit une formation de montage vidéo, ouvre la chaîne "Saint-Éloi Passion Élevage" et le succès est immédiat. Aujourd’hui, la chaîne compte plus de 33 000 abonnés. “Au début, je ne savais même pas qu’il y avait des commentaires. Mon frère m’a dit :“tu sais que tu as une centaine de
messages en attente ?
”, raconte-t-elle, amusée. Puis vient la monétisation : un revenu complémentaire de 800 à 1000 euros par mois, qui demande un énorme travail mais qui
paye : “je gagne presque autant avec YouTube qu’avec la ferme”, reconnaît Elodie.

Chaîne Youtube d'Élodie et Julien

Un déménagement sur des roulettes et derrière les manettes

Sans leur visibilité en ligne, le couple n’aurait peut-être jamais trouvé leur ferme actuelle. “Nous n’étions pas propriétaires en Bretagne. Ce sont nos abonnés qui nous ont partagé l’annonce de notre future exploitation”. Sans aucune attache locale, la famille prend leur ferme sous le bras, direction la Mayenne. Oui, toute leur ferme : troupeau, cochons, chèvres, matériel, mobil-home pour les saisonniers, la nourriture des animaux … Décidément, les Bahuon ne font pas dans la demi-mesure. “On a tout filmé. Nous-mêmes, nous n’y croyions pas ! Mais on voulait montrer que c’était possible et peut-être inspirer d’autres éleveurs”. La famille a posé ses valises, ses bottes et ses sabots dans une exploitation qui compte aujourd’hui 200 bovins, 150 hectares de prairies et 10 hectares de maïs.

Une communauté qui soutient et inspire

Les réseaux sociaux sont aussi une fenêtre vers l’extérieur : “on ne se sent pas isolés. On échange constamment, on découvre des techniques et des idées ; on voit ce qui se fait chez
les autres
”, détaille Julien. Ces échanges permettent aussi de vendre certains animaux et de créer un réseau professionnel. A leur grande surprise, leurs vidéos touchent aussi une large base d’agriculteurs. “On se demandait pourquoi ils nous suivaient alors qu’ils font le même métier. En réalité, ça les rassure de voir qu’on est tous dans la même galère”, constate Elodie. La chaîne a aussi une vocation pédagogique : “quand on s’est installés, on n’y connaissait pas grand-chose en bovins. On aurait bien aimé trouver des tutos pour traire en toute sécurité par exemple. Beaucoup de jeunes nous écrivent que nos vidéos leur servent. Si les jeunes ont retenu que ce sont les vaches qui paient ton tracteur, alors on a gagné”.

Une ferme à vivre, pas juste à regarder

Entre deux tournages, vie de famille et soins aux animaux, le couple souhaite désormais développer l’accueil du public. “On a déjà organisé trois visites avec des abonnés. On aimerait aller plus loin : proposer des nuits à la ferme”, explique Elodie. Pas de ferme pédagogique ni d’images d’Epinal, mais une immersion totale dans le quotidien d’une exploitation bio. Comme sur les images, mais cette fois-ci en vrai !